J’étais dans le couloir du train, au petit matin, après une nuit de cahots, et de fréquents arrêts. Le langage des annonces me le confirme : je me trouve en Allemagne.
C’est le début de mon service militaire obligatoire, pour un an. J’ai passé à Lille la visite d’incorporation, et je vais faire partie des troupes françaises d’occupation.
Je n’avais jamais vu la montagne, à l’exception des monts des Flandres, peu capables de représenter la montagne. Ces mouvements de terrain boisés de la Forêt Noire m’inspiraient joie et inquiétude à la fois. Je faisais mon service par obligation, comme tout le monde à l’époque.
Je ne connaissais pas encore le point d’arrivée du train, Langenargen sur les bords du lac de Constance. Je savais seulement que j’allais y faire mes classes – “classes” expression bizarre comme d’autres que j’aurais à apprendre, en même qu’un style de vie, imprimé par une discipline qui ressemble à une fin en soi.
Suite du bidasse Pierre Staelen au prochain numéro.
Poster un Commentaire