Je continue la relation de ma vie militaire là où je l’avais laissée, à Langenargen sur le lac de Constance. Bien content d’avoir échappé aux menus dangers auxquels j’étais exposé, tels que ramper en poussant devant soi le Mas 38, sous le tir bien ajusté d’une mitrailleuse – mais tirait-elle vraiment en balles réelles ? – ou traverser une rivière par le pont, non pas en marchant normalement sur le pont lui-même, mais en équilibre sur l’une ou l’autre des barrières du pont.
Pour la circonstance nous n’avions à porter que notre sac, mais pas le fusil car il fallait le bien préserver de la noyade, lui.
Après avoir échappé à tous ces dangers, le transfert à Idar-Oberstein était vécu par nous comme une récompense, d’autant plus que les conditions de logement y étaient excellentes, deux par chambre seulement, propreté absolue assurée par le personnel allemand, à qui nous vendions du café, denrée rare et appréciée.
La caserne avait été construite par les allemands, à proximité du vaste champ de tir de Baumholder, pour leur servir d’école d’application d’artillerie. Laissée intacte par les raids alliés, elle continuait sa mission, cette fois au service de l’Armée française. J’allais y passer plusieurs mois de formation.
Idar-Oberstein, composée de deux villes Idar et Oberstein, est située au bord de la Nahe, rivière qui rivalise avec la Moselle pour son parcours pittoresque composé d’innombrables lacets.
Je n’ai pas de souvenirs de la ville elle-même, qui n’avait subi que des destructions partielles. Sa spécialité, les pierres précieuses, n’étaient sans doute pas considérées comme un matériel de guerre. Une permission me permit d’aller à la fête du vin à Bingen, là où la Nahe se jette dans le Rhin. L’ambiance de fête y était assombrie par la présence bien visible de vétérans, estropiés pour faits de guerre.
A suivre.
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