Mon “grand” frère était petit de taille, mais il possédait une voix forte et bien articulée. Il était de 7 ans plus âgé que moi.
C’est le décès récent de Jacques Delors qui m’amène à l’évoquer ici, car ils avaient quelques points en commun. Mon frère avait lui aussi été jociste avant d’être syndicaliste. Sans doute se sont-ils connus et rencontrés.
Mais à la différence de Jacques Delors mon frère n’était pas parisien, ses parents menaient une existence moins assurée, et surtout mon frère prétendît mener l’existence d’un ouvrier. En l’occurrence, apprenti boulanger, il partait en vélo de nuit pour préparer la pâte, bravant l’inquiétude de notre mère.
C’est cela sans doute qui lui apporta la pleurésie et les soins par ventouses, posées méthodiquement par une soeur au blanc (et grand) chapeau.
Après maintes vicissitudes, il devînt secrétaire du syndicat des cadres de Roubaix-Tourcoing, à l’industrie textile sur le déclin, mais encore bien active. Il aurait pu sans doute trouver une position nationale, mais ma belle-soeur était solidement attachée à sa famille et son quartier.
Comme alors partout en France, mon frère avait reçu une éducation solide, mais sommaire (certificat d’études) et limitée à l’usage de la langue française. Il participa à un voyage d’étude en Amérique, offert m’a-t’on dit par le Syndicat Ouvrier américain (la concurrence syndicale n’existait pas aux Etats-Unis, et la cotisation syndicale était prélevée sur les salaires).
Il en fît un très beau rapport, et rapporta de nombreux documents en anglais qui firent mes délices, ainsi qu’un excellent rapport, bon témoignage de ses qualités.
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