Les deux scènettes que je vais vous raconter se sont présentées à Pigalle, de l’appartement de Parrain Charlot et Marraine Linette, rue Germain Pilon.
Cette courte rue, parallèle à la rue Lepic, se trouve en forte pente, à l’assaut de la butte Montmartre. Du balcon de l’appartement, au cinquième étage, – ou était-ce le troisième ? – on pouvait observer le flot incessant des piétons empruntant la rue.
Je n’étais pas présent lors du premier épisode, juste après la Libération de Paris, fêtée elle aussi par les libérateurs américains.
Des cris lancés du haut de la rue attiraient les riverains à leurs balcons. C’était un soldat en goguette qui, après avait vendu son uniforme pièce après pièce – probablement pour se procurer l’alcool qu’il avait consommé en excès – se plaignait d’avoir été roulé lors de sa dernière transaction.
La police militaire en casque blanc, vite alertée, eût tôt fait après quelques coup de matraque bien assénés, de l’emmener loin de la petite scène.
Le deuxième épisode, plus calme, se déroulait quelques années plus tard. Il faisait suite sans doute à l’un des faits sanglants qui émaillaient alors la vie quotidienne du quartier. Marraine Linette, chez qui j’étais en visite, m’appelait au balcon pour observer un long convoi funèbre qui descendait la rue.
Derrière un corbillard amplement couvert de fleurs, avançait lentement une file d’hommes entièrement vêtus de noir, la mine longue, tous porteurs de lunettes noires qui cachaient soigneusement leurs visages.
Il s’agissait paraît-il, de parrains corses, dont les bandes animaient alors fréquemment le quartier.
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