J’ai connu plusieurs trains remarquables, ou bien qui m’ont laissé une profonde impression.
Le premier concerne la ligne Lille-Courtrai-Gand. J”allais fréquemment à Francfort, car La Redoute était alors en pourparlers avec le vépéciste allemand Neckermann. Pour joindre le train qui passait à Gand, je prenais à Roubaix-Tourcoing ce train là, qui poursuivait jusqu’à Anvers.
A partir de Courtrai, et en fin d’après-midi, le train était plein de voyageurs rentrant à leur village. Les wagons étaient constamment remplis de la fumée âcre du train se mélangeant à celle de leurs bouffardes. Leurs discours éclataient en un flamand sonore suivi de rires contagieux.
Le contrôleur, qui à l’époque n’avait pas de micro, allait sans cesse de wagon en wagon, répétant d’une voix sonore le nom des prochains arrêts, aussi brefs que nombreux,
Le nom de certaines localités m’est ainsi resté dans les oreilles, tels Harelbeke, qui se prononçait ÄAArlbékee, en insistant sur la première syllabe.
C’était comme une brève immersion, avant le calme du train de nuit venant d’Ostende, dans le monde flamand de l’enfance paternelle.
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