Mes premiers pas dans la vie active se firent dans le climat de la décadence de l’industrie du textile à Roubaix-Tourcoing. Curieusement, nul ne semblait s’en apercevoir, moi le dernier.
J’ai déjà raconté comment à 17 ans je me sentais peu motivé. J’aurais par dessus-tout aimé étudier, mais n’exprimais aucune vocation. Je fus donc enrôlé, pour un essai de 3 mois, par le Tissage “Les Fils de César Pollet”, rue Nain à Roubaix.
Un autre jeune entrait en même temps que moi. Il était lui, dépourvu d’études secondaires, mais muni du brevet élémentaire section commerce.
Notre embauche ne peut pas s’expliquer, car il n’y avait rien à faire. Ou presque rien. Dans notre bureau se trouvait un monsieur plus âgé et doté d’une grande expérience. Il nous observait sans rien dire, comme l’aurait fait une momie.
Tandis qu’une fois mon travail journalier terminé, je rêvais encore, mon jeune collègue courrait de droite et gauche, brassait des papiers et claquait des talons, donnant l’impression d’une folle activité.
Après 3 mois on me convoqua pour me dire que mon stage n’avait pas donné satisfaction. Sans doute mon collègue fût lui, enrôlé.
Avant mon départ la momie tînt à me parler, pour me dire : “Pierre, ne te décourage pas, tout l’avenir est devant toi”.
Ce monsieur m’a rendu un immense service.
Quelques années après, le tissage “Les Fils de César Pollet” fermait définitivement ses portes.
Poster un Commentaire