La Compagnie Commerciale des Laines occupait mon temps de travail – 40/42 heures à l’époque – mais mes soirées étaient libres.
L’Institut Turgot, rue du Collège à Roubaix, proposait des cours du soir, et parmi eux des cours de langues. Je m’inscrivis aux cours d’allemand et d’espagnol.
Des professeurs chevronnés étaient sans doute affectés à l’anglais; les miens étaient débutants et gauches, peut-être eux-mêmes encore étudiants, en revanche ils étaient passionnés et attachants.
Les inscriptions réunissaient une quarantaine d’élèves, aux motivations sans doute trop fragiles. Peu à peu les effectifs s’effondrèrent, au point qu’en cours d’allemand je demeurai le seul et dernier étudiant.
Mon professeur d’espagnol nous faisait étudier un texte de la littérature, les “Nouvelles exemplaires” de Cervantes, s’attachant constamment à préciser le sens des mots, mettant en évidence la richesse de l’espagnol et en développant la foule des synonymes.
Mon prof d’allemand était plus terre-à-terre, son plan d’étude était parfait, mais sans doute fatigué par ses propres études, il lui arriva de s’écrouler en ma seule présence, et plus très loin de s’endormir. Je lui dois d’avoir persévéré dans la langue, pour mon plus grand profit.
Bien entendu je complétais mes heures de cours du soir par l’écoute de la radio, comme la BBC en anglais et en allemand, et par la lecture.
Pour la lecture anglaise, j’empruntais chaque semaine des livres de la Bibliothèque Américaine, qui par chance avait créé à Roubaix une filiale bien fournie et très fréquentée.
En résumé, ces soirées étudiantes étaient pour moi un grand bonheur.

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