Chez nos parents, la bière était apportée en tonneaux. Mon père descendait le tonneau à la cave, puis le perçait pour y adapter un robinet (on appelait cela “mettre en perce”). C’était une opération délicate, durant laquelle mon père n’aimait pas qu’on le dérange.
Le tonneau, dont j’ignore la contenance, était muni d’un robinet en bois, pour en extraire le précieux liquide nécessaire à l’accompagnement du repas du soir. Il m’incombait fréquemment de descendre à la cave avec ses hautes marches, et remonter le pot bien rempli, dans l’alternative fâcheuse de renverser le pot, ou de le casser.
Rien ne pouvait modifier ce rituel quasi sacré, si ce n’étaient les “matons”, mystérieux point blancs qui apparaissaient dans le tonneau en fin de consommation. On disait de la bière qu’elle “commençait à matonnner”. En même temps, la bière perdait peu à peu de sa saveur, jusqu’à devenir imbuvable.
Je n’ai pas bien trouvé dans l’information actuelle ce qu’étaient les matons. Auraient-ils disparu pour de bon ? Seul Philippe pourrait nous renseigner sur ce point délicat.
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