Tu devais avoir trois ou cinq ans, Christophe. Nous étions quelques amis du quartier Saint-Jean-Baptiste, en picnic un dimanche en forêt de Mormal, bien loin de Roubaix. C’était une sortie exceptionnelle, par un temps magnifique.
Arrivés dans une clairière à proximité de Locquignol, on déplie les sacs à sandwich quand, alerte ! Le petit Christophe a disparu. Terriblement inquiets, notre groupe s’organise, et nous nous déployons en criant partout Christophe ! Christophe ! pour une recherche organisée comme une battue, qui à tous nous parût très, très longue. Votre mère et moi étions saisis d’une frayeur mortelle.
Soudain résonnent de grands cris, l’un de nous avait enfin trouvé l’enfant, qui semblait n’avoir rien entendu. Comme remonté il marchait, résolument et en ligne droite, sans écouter rien ni personne, vers un but qu’il eût peine à préciser, et qu’il n’atteignît jamais.
Quel était ce but ? Je ne m’en souviens plus. Sans doute quelque chose qu’on ne trouve pas en forêt, même pas en forêt de Mormal, si ce n’est dans l’imagination des enfants.

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