Bridge

J’ai souvent joué au bridge – à Milan avec le Benvenuti Club, ou avec des amis à Milan ou Orléans, sans en faire une passion. Mais, en fouillant dans la commode de bridge de la salle à manger, j’ai revu en pensée les après-midi bridge où votre mère recevait ses amies.

Une fois la date fixée, établir la liste des présentes se révélait une étape décisive aussi bien qu’incertaine. Toutefois, les absences involontaires ou non-disponibilités pouvaient être comblées par des candidates avides de rentrer dans le cercle. Ensuite il fallait commander le gâteau, préparer les tables dans le salon (deux ou trois tables), le vestiaire, l’arrivée des voitures, la distribution des plans de table et des jeux, toute une logistique où j’étais appelé à jouer mon rôle d’amphitryon.

Après l’accueil et les embrassades, ces dames se mettaient à l’ouvrage, tandis que je me retirais dans mon bureau pour quelque travail ou consultation d’ordinateur. La suite des actions, dont je suivais le fond sonore, était toujours la même : un silence prolongé, voire inquiétant, fendu soudainement d’une explosion sonore, un tintamarre où il m’était possible de discerner des exclamations, un ou deux rires prolongés, des monologues vite interrompus, bref un échange de voix, et la marque sonore d’une vaste assemblée où tout le monde parle en même temps.

Puis d’un seul coup, le silence de nouveau, jusqu’au prochain éclat.

Après la dernière explosion sonore, l’après-midi se poursuivait à la salle à manger par la dégustation du gâteau à laquelle il m’arrivait de prendre part, et s’achevait, après les adieux, par le départ des voitures, avec mon aide selon le parking choisi.

Tandis que l’on remettait les choses en place, votre mère me narrait ses bons coups, ses réussites, parfois ses déceptions. Par dessus tout nous nous réjouissions du bon déroulement de sa réception.

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