Je poursuis la relation de ma vie militaire. Nos exercices de tir dans les champs de manœuvre de Baumholder pouvaient durer quelques jours, et ma connaissance de l’allemand, bien qu’encore faible, me désigna pour une mission singulière : choisir dans le village des chambres pour nos officiers.
La mission était préparée, sans doute par la municipalité. J’avais une liste de maisons à visiter, afin de choisir parmi elles les chambres les mieux qualifiées et les hôtes les plus accueillants. Sans doute un paiement était-il prévu.
Cette tâche en apparence facile se révéla semée d’embuches : adresses peu fiables, hôtes absents ou peu conciliants, chambres inadéquates etc. Curieusement le village était quasiment vidé de ses habitants, les sonnettes fonctionnaient mal, et les propriétaires accessibles étaient toutes des femmes seules et âgées.
Assez rapidement, et bien qu’il m’en coutât beaucoup, je pris le rythme : élever la voix si nécessaire, visiter la maison tout entière pour y choisir la meilleure chambre, et la signaler convenablement. L’opération fût plus longue qu’il n’était prévu, et jusqu’à présent demeurait noyée dans mes souvenirs. Je crois bien avoir tenté de rassurer ces vieilles dames, sans grand succès.
Les chambres étaient toutes d’une propreté méticuleuse, assurant à nos valeureux officiers un sommeil de qualité.
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