Voici comment la deuxième réponse à mes candidatures spontanées aurait pu nous faire partir loin.
Le lieu envisagé était Mazamet (prononcez mazamETTteu-eu-eu), petite ville de l’Aveyron, alors spécialisée dans la récupération de la laine de moutons morts, une fois détachée de la peau (on l’appelle laine de mégisserie). C’était une spécialité éloignée de mes connaissances en laine fine d’Australie, acquises à Roubaix-Tourcoing, tandis qu’il s‘agissait à Mazamet de toisons de toutes les origines.
On me proposait de me payer un déplacement pour des entretiens. Je pris donc l’avion (mon baptême de l’air), à Lille et fus accueilli à l’aéroport de Toulouse par un représentant des mégissiers de Mazamet.
Conduit à Mazamet j’y rencontrai divers patrons de mégisseries locales, parfois dérangés dans leur journée qui semblait prise par la chasse si ce n’est le rugby.
De rugbymen ils en avaient la taille aussi bien que la voix, rocailleuse à souhait, et les conversations furent pour moi une découverte, un peu comme si je me trouvais étranger dans mon propre pays.
En fin de journée, mon guide me présenta quelques échantillons de laine, m’interrogeant sur leur finesse. Réponses faciles, quand vînt la question de l’origine de la laine, à laquelle je dus répondre au hasard, et recevant un magnifique zéro : je n’avais pas su repérer dans les poils des particules éparses de couleur noire, indice “évident” – comme on me dît sévèrement – d’une toison d’Afrique du Sud.
Sans le vouloir, je ratai ainsi mon examen, et fus rapidement reconduit à l’aéroport de Toulouse, heureux d’une rupture aussi rapide, qui mettait fin à une hypothèse à peine formulée.
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