Le commissaire Georges arriva 2 heures plus tard. Comme il se l’était promis, il n’était pas rentré à Paris. Il avait bien fait. Une petite équipe des services secrets arriva avec lui pour embarquer les trafiquants.

« Je ne peux que vous féliciter, monsieur Guislain de votre efficacité, dit-il. Vos parents ont été libérés sous ordre du chef des trafiquants qui pense réduire un peu sa peine en faisant cela. De plus, le contrat de vente a été annulé et Françoise Bernard vient d’être arrêtée après avoir reconnu les faits. Heureusement pour vous qu’elle ait oublié de dire aux trafiquants quels gadgets vous avaient été remis, sinon vous n’auriez jamais pu m’appeler à l’aide ! Le trafic a été stoppé et la police locale corrompue va être jugée. Je vous félicite. Mais vous avez pris un trop grand risque.

-Je sais, je serai payé quand ?

-Euh, on a pas encore fait les fiches de paye, répondit Georges, interloqué.

-N’essayez pas de m’arnaquer en tout cas, dit Xavier en riant avant de redevenir sérieux. Bon c’était ma dernière mission, je quitte les services secrets. Mon but était de libérer mes parents, et c’est fait.

-Vous avez raison, j’aurais moi-même dû m’arrêter il y a bien longtemps. Au revoir et encore bravo.

-Merci, mais rappelez-vous, on ne paye pas avec des cacahuètes ! C’est un plaisir de servir la France seulement si c’est bien rémunéré !

-Je vous trouve bien vénal.

-Oui mais c’est pas avec des missions bénévoles que je vais gagner ma croûte !

-Au fait, ne voulez-vous pas savoir le nom de ce chef des trafiquants ? Parce que c’était sa fille que vous deviez trouver au lycée Lakanal.

-Ah oui je veux bien. Comment s’appelle-t-il ?

-Francis Dugas. »

Et le commissaire partit. C’était comme si la foudre s’était abattue sur Xavier. Ainsi pendant tout ce temps, il avait eu la réponse sous les yeux. La fille qu’il recherchait était Eva Dugas, fille de Francis Dugas. Savait-elle que son père était un hors-la-loi ? C’est vrai qu’elle ne lui avait jamais parlé de son père. Mais maintenant que les services connaissaient le nom de famille de cet homme, ils feraient le lien avec Eva. Xavier avait donc entièrement échoué dans sa mission d’espionnage à Lakanal. Enfin bon, ce n’était plus très grave, car le but aurait été de se servir de la fille pour trouver le père. Et ce but était maintenant atteint.

Mais Xavier était inquiet quant à la réaction d’Eva quand elle apprendrait que c’était lui qui avait fait enfermer son père. C’était peut-être un bandit, mais cela restait son père. Il ne pourrait donc jamais dire à Eva l’activité qu’il avait exercée pendant 2 ans. Il n’avait plus qu’à prier pour qu’elle ne découvre jamais la vérité. Il savait que ni Quentin, ni Olivier, ni Jeanne ni Sylvie ne parleraient jamais.

Maintenant Xavier avait un secret honteux…

            Du haut de la carrière, il regardait le soleil se coucher, en repensant aux événements de la journée, et en songeant à son futur. Et lui qui voulait tant être heureux.

Xavier était rentré à Paris 2 jours après. Eva était soulagée de le voir en bonne santé et était fière de son exploit sportif (qu’il n’avait donc pas fait). Il passa la journée à raconter des souvenirs du voyage qu’il n’avait pas, mais que Quentin et Olivier lui avaient relatés. Il se promit toutefois de refaire un jour un voyage comme ça, mais pour de vrai !

            Le lendemain, il alla chercher ses parents à Charles-de-Gaulle, et ce fut l’euphorie des retrouvailles. Ses parents étaient fiers de lui. Mais ils le disputèrent quand même car il avait pris des risques insensés. La vie familiale normale allait enfin reprendre.

 Xavier raconta à son entourage qui n’était pas dans le secret que ses parents avaient été prisonniers diplomatiques, mais qu’il ne pouvait pas le dire pour des raisons de relations entre les pays. Cela passa comme une lettre à la poste. Et il devint quasiment un héros pour ses amis, car il avait porté un lourd poids sur ses épaules.

            Xavier était maintenant heureux, sa complicité avec Quentin et Olivier s’était resserrée, ses parents étaient revenus, sa copine l’admirait pour son exploit. Tout alla pour le mieux pendant ce mois de juillet.

            Mais le jour où Eva apprit par les infos que son père était en prison, ce fut le drame. Elle savait qu’il avait été arrêté à Jougne, donc elle assaillit Xavier de questions pour savoir s’il avait vu quelque chose. Celui-ci nia systématiquement.

            Elle lui jura que si elle retrouvait celui qui avait arrêté son père, elle l’étranglerait de ses propres mains. Xavier ne dit rien.

            Il  savait qu’il n’allait pas pouvoir garder ce secret éternellement. Mais il allait le garder aussi longtemps que possible.

            Le dernier soir d’août, Xavier et Eva étaient assis sur la pelouse du parc de Sceaux, en plein soleil. Ils ne parlaient pas, ils regardaient juste les gens se promener, et admiraient le paysage estival. La rentrée approchait, mais cela ne les inquiétait pas. Ils profitaient de leurs derniers jours de vacances, assis côte à côte, main dans la main. Ils étaient heureux. Mais le temps se couvrait peu à peu.

            « Tiens, on dirait qu’il va pleuvoir, dit Eva.

            -Je sais, » répondit Xavier.

            Au loin, on entendit l’orage gronder…