Le cousin Georges (souvenir d’enfance)

Habitant Mouscron, le cousin Georges venait tous les jours travailler à Roubaix (il était menuisier chez Degallais, une entreprise située dans le quartier Saint-Jean-Baptiste). Il arrivait vers midi, avait 1 heure pour déjeuner, et ma mère l’autorisait à consommer sa gamelle au chaud, chez nous, avant notre propre repas.
Il lui fallait rentrer son vélo dans le couloir en évitant les inévitables dépôts de boue sur le sol, puis vider sa gamelle dans l’assiette que ma mère avait disposée avec les couverts et son verre d’eau (ou de bière ?).
Le contenu de la gamelle avait une odeur “de renfermé”, indescriptible autant qu’indéchiffrable, mais qui semblait convenir à Georges, lequel l’avalait de bon appétit.
Une fois repus, Georges procédait au remplissage d’une bouffarde aussi âgée que lui, par un tabac soigneusement tassé. L’opération laissait apparaître au sommet de la pipe une boule de tabac bien ouvert, Georges, poursuivant une sorte de rite, y donnait le feu d’une allumette, coiffant ensuite la bouffarde de son allumette en fin de combustion.
Cette opération accomplie tandis que ma mère s’était la plupart du temps absentée, il lui fallait constater à son retour que les poussières plus ou moins grosses de tabac s’étaient dispersées  un peu partout, et déposées en conséquence sur le carrelage bien propre de la cuisine.
Cette scénette se déroulait sans la moindre faille, à chaque passage du cousin Georges, rendu veuf précocement par le décès de Noémie sa femme, dont j’ai un bon souvenir bien que l’ayant très peu connue.

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