Marraine Flore (2)

Mon envoi d’hier a été écrit rapidement et sans correction. J’espère que celui-ci sera meilleur.

Durant la guerre et l’occupation, la pénurie de charbon était générale, malgré les mines à seulement 30/40 kms. Alors Parrain Charles attelait ses chiens à une grande baladeuse et allait jusqu’aux mines, revenant avec la baladeuse pleine de charbon, assisté par ses chiens bien dressés. Cette expédition fût reproduite de nombreuses fois et sans difficultés. Personne ne l’arrêtait, même pas les allemands. On peut penser que la vue de Parrain Charles, au visage grimaçant dans l’effort, et surtout la vue des chiens ouvrant largement leurs mâchoires aux crocs bien saillants, ne pouvait qu’éloigner le moindre projet d’opposition.

Marraine Flore de son côté ne pouvait s’opposer à la clientèle des soldats allemands en garnison au Château tout proche. Du reste son assortiment était bien réduit, et ses meilleurs produits ne leur étaient pas rendus visibles.

Le dernier souvenir que j’ai de Marraine Flore est tragique, car il advînt à la mort de votre grand-père maternel.

Il venait d’entrer en retraite quand durant la nuit il fût victime d’une attaque cérébrale. Il agonisait, sa famille était autour de lui, y compris vos parents. On me demanda d’effectuer une course, et quand je revins rue Charlemagne, je me trouvais encore à quelques pas de la maison quand je vis surgir Marraine Flore comme une bombe, courir jusqu’au milieu de la chaussée et dans la rue déserte, crier d’une voix déchirante: …”c’est fini”.

Cette image de désespoir que m’offrait Marraine Flore m’est restée à tout jamais.

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