Une semaine à Moscou sous les Soviets (1)

Je n’arrive pas à situer la date exacte, ni qui dirigeait alors la Russie. Le pays était fermé au tourisme, à l’exception d’une agence, appelée Intourist, dirigée par le régime.

Du reste, les touristes étaient rares, et la destination peu recherchée. Mais si l’on pouvait s’attendre à une sélection de voyageurs, la plupart d’entre nous étaient, comme nous, de simples curieux. De notre petit groupe, un seul était farouchement communiste, admiratif du régime, qu’il vantait sans arrêt.

A l’exception des musées de peinture, tout ce qu’on nous montrait, y compris des monuments gigantesques, était à la gloire du puissant empire communiste, et du point de vue touristique sans intérêt. Aussi n’en avons-nous retenu que les excès, grossiers, du dirigisme, ou la beauté grandiose des stations de métro où nous promenait une guide héroïque à la tête de notre groupe occidental mal dégrossi. Les artères principales étaient bordées de panneaux gigantesques arborant les slogans communistes, mais aussi les noms de travailleurs méritants qui, copiant Stakanov, avaient atteint des sommets de production.

Notre hôtel était énorme, le plus grand de Moscou. Mais nous n’en connaissions que notre étage, muni d’un bureau de contrôle avec la garde d’étage qui délivrait nos clefs de chambre, prête à contrarier toute tentative de sortie.

A l’exception d’un magasin peu alléchant réservé à Intourist, nous ne pouvions pas faire des achats. Les magasins des moscovites semblaient manquer de tout. Aux étalages, tristement vides, trônaient des pyramides de boites de conserves. Devant, de longues queues d’acheteurs se formaient, sans doute pour se procurer des produits à peine arrivés.

Contrairement à l’usage chez nous à l’époque, le travail féminin était très répandu. A notre grande surprise, des dames soviétiques, au demeurant très robustes, semblaient spécialisées dans la réfection des chaussées.

Etions-nous espionnés ? Tandis que je dirigeais mon appareil photographique, non vers la statue du camarade XY qu’on nous montrait, mais vers une lointaine queue devant une épicerie, une “camarade” parmi les curieux, s’étant aperçue de mon manège, nous agressa bruyamment. Notre guide, se sentant responsable de l’incident, intervînt rapidement, et nous fît monter précipitamment dans le bus.

A suivre

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