« Ah en tout cas il était vraiment excellent ton repas, mamie, » s’exclama Xavier en déposant les assiettes dans l’évier. Et c’était le cas. Elle avait préparé un succulent magret de canard aux truffes, cuit juste à point, accompagné de légumes frais, un vrai bonheur !

            Mais Xavier étant humain et n’ayant encore que 17 ans, il ne faisait jamais de compliments gratuitement, même lorsque ceux-ci sont mérités. Il se rassit à table et continua :

            « Mais dis-moi, je voudrais- on voudrait- te parler d’un projet qu’on a, Olivier (il désigne d’un geste son ami de toujours attablé avec eux), un autre pote et moi. Pour cet été.

-Je t’écoute mon garçon, répondit-elle calmement, s’attendant au pire, connaissant les idées de son petit-fils.

-Bah en fait on avait le projet pour la première quinzaine de juillet d’un voyage à vélo, pendant lequel on partirait de Paris, et on arriverait ici, à Jougne. Et le truc, c’est qu’on aurait besoin d’une voiture –et de quelqu’un dedans accessoirement- pour faire la logistique, les réservations, acheter de la bouffe, tout ça quoi. Et en fait on a pensé à toi.

-A MOI ????? »

Si elle s’attendait à quelque chose, ce n’était sûrement pas à ça. Mais où diable allait-il chercher des idées pareilles ? Xavier avait déjà fait plusieurs voyages avec sa grand-mère depuis la mort de son grand-père et depuis la disparition de ses parents, mais jamais il n’avait eu d’idée aussi saugrenue.

Olivier intervint, venant à la rescousse de Xavier :

« Bah oui, on sait que vous êtes organisée, on vous fait confiance. Ca nous ferait vraiment plaisir que vous acceptiez. Mais bon, il ne faut pas vous sentir obligée ! 

-Eh bien ça demande réflexion quand même, vous savez. Ce n’est pas une mince affaire… Ecoutez, je vais réfléchir. Pour l’instant, vous prenez le train pour rentrer à Paris dans deux heures, allez faire vos bagages. Moi je vais réfléchir, et dans une semaine, je te passe un coup de fil, Xavier, pour donner ma réponse. »

Xavier ne pouvait espérer mieux. Il se leva de table et se dirigea vers la chambre avec Olivier, très content de lui.

Mais cette joie fut vite tempérée par le fait qu’il devait rentrer à Paris. Ses vacances chez sa grand-mère Marianne étaient finies. Il devait rentrer chez lui où seules ses deux sœurs étaient là pour l’attendre. Etre élevé par ses sœurs est souvent difficile, même quand on a 17 ans. C’est pour cela que Xavier appréciait la proximité avec Marianne. Mais la reprise des cours était proche… Olivier l’interrompit dans sa rêverie :

« C’est bien parti, non ?

-Ne t’inquiète pas, je la connais, ça se fera, » répliqua Xavier.

Olivier ne pouvait pas deviner que Xavier était doublement content de cette « victoire ». Oui, comme ça il allait pouvoir la protéger. C’était le seul moyen. Et il avait toutes les qualités pour y parvenir.

Le seul moyen….