Il était une fois en France – Livre 1 : L’aventure d’une vie (Pâques – Juillet 2005)

Chapitre 10
Le récit de Xavier


Oui, cela s’était passé deux ans plus tôt. C’était un des pires souvenirs de Xavier. C’était le jour où sa vie avait irrévocablement changé. Il n’avait jamais raconté exactement ce qui s’était passé, même pas à ses sœurs. Il allait le faire là pour la première fois.

            « Ce soir-là, je rentrais chez moi, fatigué, harassé. J’ouvris mon portail puis m’engageai sur la descente de garage. Un bruit de pas me fit me retourner. C’était un homme grand, brun aux lunettes noires, qui avait un air inquiétant.

« -Bienvenue chez vous… me dit-il.

« -Qu’est-ce que vous faites ici ? demandai-je.

« -Nous attendons tes parents. Sont-ils là ?

« -A cette heure-ci ? m’exclamai-je. Vous rigolez, j’espère ! Ils ne seront pas rentrés avant 22h30 !

« -Bien, nous allons les attendre alors, » me dit-il sur un ton inquiétant.

« Je commençai à flairer qu’il y avait un problème. Cet homme m’inquiétait beaucoup.

« -C’est qui, « nous » ? demandai-je.

« -Moi et mes hommes, » répondit-il.

« Et aussitôt quatre hommes en noir arrivèrent. Je commençai à avoir vraiment peur. Mais je ne pouvais pas imaginer ce qu’ils voulaient. Je reculai de quelques pas pour mettre de la distance entre eux et moi.

« -Vois-tu, reprit l’homme qui avait parlé en premier, nous attendrons tes parents aussi longtemps qu’il le faut car nous avons la ferme intention de leur ôter la vie car leur existence est pour nous une gêne assez unique. »

« Je fus soufflé. Je n’aurais jamais imaginé que quelqu’un aurait pu vouloir tuer mes parents. Je décidai d’avoir l’air calme. Et éventuellement de comprendre ce qui se passait.

« -Je ne vois pas en quoi ils vous gênent, dis-je.

« -Ah ! Ils ne t’ont pas dit, s’exclama l’homme.

« -Dit quoi ?

« -Tes parents font partie des services secrets français et ils représentent un danger pour l’activité que nous exerçons. »

« Si je m’étais attendu à cela ! Pour moi, mes parents étaient les gens les plus ennuyeux du monde, et voilà qu’ils jouaient les James Bond pendant que j’avais le dos tourné ! C’était le pied ! Enfin pas tellement sur le moment, mais bon ça avait de la gueule quand même. Je devais tout de même en savoir plus. Autant jouer à l’idiot.

« -Vous êtes des terroristes ? demandai-je.

« -Non, répondit calmement l’homme, nous sommes des trafiquants, mais tes parents veulent démanteler notre réseau. Nous avons donc décidé de les supprimer.

« -Et moi, je sers d’otage au cas où, c’est ça ?

« -Voila. Tu as tout compris. Tu es moins stupide que tu en as l’air.

« -Et si je me mets à crier ? demandai-je.

« -Montre-lui, Joe, » dit l’homme à un de ses sbires.

« Le dénommé Joe s’approcha de moi, et me donna un coup de poing dans le ventre si violent que je tombai à terre. Je suffoquai pendant quelques secondes, incapable de me relever.

« -Relevez-le, » dit l’homme en noir à ses sbires.

« Ils me relevèrent donc. Deux hommes me tinrent pendant que Joe tenta de me donner un autre coup de poing. J’esquivai et ce fut un des hommes qui me tenait qui reçut le coup. Il me lâcha donc, et je profitai de ma main libre pour frapper à la mâchoire celui qui me tenait le bras droit. Il tomba à terre. Je poussai Joe et m’élançai vers le portail quand j’entendis un bruit sourd et que je ressentis une douleur aiguë dans le mollet. Le chef de ces bandits m’avait tiré dessus. Je tombai à terre, prêt à vendre cher ma peau. Le chef se rapprocha de moi, le pistolet levé et l’air menaçant.

« -Où comptais-tu aller comme ça ? me demanda-t-il.

« -A Disneyland, répondis-je pour le défier.

« -Mais c’est un peu cher par rapport à ce que tu gagnes comme argent de poche chaque mois…

« -C’est pas grave, j’ai économisé, » dis-je insolemment.

« Et alors là, alors que je croyais tout perdu, que je me voyais mort, et mes parents avec, un miracle arriva. Un vrai miracle. J’entendis une vois derrière moi.

« -Baisse ton arme Yann. »

« Je vis un homme s’approcher de nous, pointant un flingue sur le chef de ces bandits. Celui-ci lâcha son arme. L’homme qui était venu à ma rescousse n’était pas seul. Une quinzaine d’hommes le suivirent et maîtrisèrent mes agresseurs.

« -Merde !! »dit leur chef.

            «  Le chef du commando qui était venu à ma rescousse s’avança vers moi.

« -Tu vas bien, petit ? me demanda-t-il.

« -Ouais ça va, je survivrai, répondis-je.

« -Je me présente : commander Yves de la Patellière, ces hommes en voulaient à tes parents qui travaillent avec moi. Mais tu es en sécurité maintenant, et tes parents aussi.

            « Son portable sonna. Il s’excusa et décrocha.

« -Allo ?...Quoi ? Vous êtes sûrs ?... Je vois… Merci… Au revoir.

« Il raccrocha et se tourna vers moi. Il avait visiblement une mauvaise nouvelle à m’annoncer. Il décida de ne pas me faire languir plus longtemps et m’expliqua ce qui le tracassait.

« -Cette prise d’otage n’était qu’une diversion, dit-il. Tes parents viennent d’être capturés en mission au Tadjikistan par ce même groupe de trafiquants. Je suis désolé.

« -Je n’arrive pas à y croire… Ils ont été capturés ! »

« Je m’effondrai par terre et me mis à pleurer. Il y avait eu trop d’émotions pendant cette journée. C’était trop dur pour moi. Mais tout d’un coup, je pensai à un truc.

« -Et moi et mes sœurs, on devient quoi là-dedans ? lui demandai-je.

« -J’ai quelque chose à te proposer, me dit-il. Cela vous permettrais de vivre sans être à charge de personne. Nous avons besoin d’un indicateur au lycée Lakanal où tu es scolarisé, et tu pourrais devenir cet indicateur. Bien sûr, tu seras grassement rémunéré et cela te permettra de commencer à économiser pour ta retraite.

« -Je marche mais à deux conditions.

« -Lesquelles ?

« -Je veux pouvoir avoir de temps en temps de missions, surtout pour classer le dossier de l’enlèvement de mes parents. Je veux également pouvoir mettre au courant mes sœurs du fait que je sois un indic car, si un jour elles le découvrent et que je ne leur en aie pas parlé, je suis un homme mort ! »

« Je voulais en effet pouvoir classer cette affaire moi-même. C’est pour cela, au cours de ces deux ans, je me suis renseigné, et j’ai établi le lien entre le trafic en suisse et l’enlèvement de mes parents. Le commander ne mit pas longtemps à accepter ma proposition car mes conditions n’étaient pas abusives

« -Marché conclu, me dit-il. Tu commences demain. Et si un jour tu as un problème, ne m’appelles pas moi, appelle le commissaire Georges, c’est un ami. Il t’aidera en toutes circonstances. Notre infirmier ici va te soigner ta blessure. Apparemment c’est juste superficiel. Tu auras juste une belle cicatrice pour impressionner les filles.

« -Excusez-moi de ne pas vous remercier, » lui dit-je. »

 

Un long silence s’installa après que Xavier ait fini de raconter. Puis Olivier parla en premier.

« Woaw, pas mal, s’exclama-t-il.

-Et je vous ai convaincus de venir avec moi car je savais que je pourrais vous faire confiance en cas de coup dur…

-Tu as eu tort, dit malicieusement Olivier. Mais non, je déconne, on va t’aider ! Au fait, à quel moment Jean Rousseau a pris ta place ?

-A la première chambre d’hôtes. Quand je suis allé faire les courses, je suis revenu par la forêt, et j’ai vu un homme inanimé allongé sur la route. Je me suis précipité pour l’aider, et j’ai vu qu’il respirait toujours. J’ai appelé des secours, mais j’ai entendu un bruit, je me suis retourné, et j’ai pris un coup sur la tête. Quand je me suis réveillé, j’étais ligoté sur une chaise, dans une chambre d’hôtel. J’ai donc pas beaucoup profité du voyage…

-C’est clair, s’exclama Quentin avant de revenir à des réalités plus triviales. Comment on fait pour sortir d’ici alors ?

-Attrape-moi mon portable, Quentin, il est dans ma poche, dit Xavier.

-Je croyais que t’avais plus de crédit et qu’il n’y avait pas de réseau !

-J’ai pas dit que j’allais téléphoner !! »

Ils étaient tous les trois attachés, car Jean Rousseau avait attaché Quentin et Olivier au canapé. Xavier était quant à lui attaché à une chaise. Quentin allongea son pied, et fit sortir le portable de Xavier de sa poche. Il tomba dans la main de Xavier, qui se servit du laser, tout en leur expliquant ce qu’il faisait.

 « Je coupe mes liens grâce au laser intégré… Attention… Voilà, c’est fait ! Bon, je vous libère les gars et on s’organise !

-Qui a dit qu’on voulait bien t’aider ? demanda Quentin.

-Oui, c’est vrai ça, souligna Olivier. On courra peut-être moins de risques en restant ici, nous, il a pas projeté de nous tuer, nous !

-Comme vous voulez… »

Xavier était déçu. Il avait cru pouvoir compter sur l’aide de ses amis, mais bon, il avait abusé de leur confiance. Il était normal qu’ils se rétractent maintenant. Il les comprenait.

« Ah c’est dingue comme il marche !!

-Il court même, dit Olivier. Mais bien sûr qu’on va t’aider !!

-Okay, alors, Quentin, tu vas aller en haut de la carrière derrière la maison, avec mon portable, il y aura du réseau en haut, tu actionneras 5 fois ce briquet et un type appelé le commissaire Georges t’appellera, tu lui diras qu’on est en danger. Olivier, tu vas faire diversion en attirant les trafiquants qui sont 3, je crois, à l’extérieur. Et moi, je vais essayer de libérer ma grand-mère. Il faut qu’on trouve des armes pour contrer ces trafiquants.

-Ca marche, dit Quentin. On y va !! »




Il était une fois en France – Annexes


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