Chapitre 5
Les préparatifs

Il restait encore à Xavier tout le voyage à préparer. Il fallait acheter du matériel de rechange pour les vélos, tout organiser avec Marianne, et revoir les détails de sa mission. C’était beaucoup.
Mais Quentin et Olivier l’aidèrent beaucoup.
Olivier était un grand jeune homme brun aux yeux marrons, très sportif, et fan de vélo. Il se chargea donc des visites chez Décathlon et autres. Il avait d’ailleurs eu une remarque bizarre en voyant le vélo de Xavier :
« Dis donc, tu as vraiment pris le bas de gamme. »
Xavier avait intérieurement maudit Pi.
Quentin était plus petit qu’Olivier, mais également très sportif et très élancé. Cela lui garantissait un succès bien mérité auprès des filles. Car accessoirement, c’était quelqu’un de bien. Il était dévoué à ses amis, travailleur et gentil. C’était lui qui se chargeait d’étudier les itinéraires, car Jacques en avait fourni plusieurs. Il les comparait et les recombinait. Xavier assurait la liaison avec sa grand-mère, et par la même occasion s’assurait à chaque fois qu’elle était bien saine et sauve. Il avait hâte qu’elle vienne enfin à Paris et que le voyage commence, qu’il en finisse. De plus, ça lui coûtait beaucoup de mentir à ses amis et d’abuser de leur confiance comme ça. Il savait qu’il n’avait pas le choix, mais cela lui était très difficile. C’est pourquoi il devait tout faire pour limiter les risques. Organiser ce voyage seul avec sa grand-mère n’aurait en plus pas été crédible. Il était donc obligé de transformer ses meilleurs amis en agents passifs des Services Secrets Français. Avec un peu de chance, ils ne le sauraient jamais. Enfin avec beaucoup de chance plutôt.
Xavier avait en plus dû trouver le temps de rencontrer le commissaire Georges, pour régler avec lui certaines formalités du voyage et pour trouver un moyen de rester en contact. Il fut convenu que Xavier ferait les courses seul le soir et qu’il retrouverait le commissaire au supermarché. Un endroit public était plus discret. Et si Xavier ne trouvait pas cette entrevue nécessaire, il appellerait pour annuler.
Mais ce voyage n’était pas le seul enjeu dans la vie de ces trois garçons. Leur bac de français approchait. L’écrit ne leur demandait pas beaucoup de travail, mais la révision de l’oral était plus difficile. Et la promesse d’un si beau voyage après les épreuves excitait les garçons au plus haut point, pour des raisons différentes.
Finalement, l’épreuve écrite de français arriva un jeudi de juin, et se passa correctement pour les garçons. Mais il restait toujours l’oral à réviser. S’ensuivirent deux semaines de révisions intensives où toute préparation du voyage était mise en pause. Olivier fut le premier à passer son oral. Après trente minutes à parler de Jean-Jacques Rousseau, il avait convaincu l’examinateur, et était certain d’avoir une excellente note. Puis vint le tour de Xavier, le lendemain. Les textes de Diderot lui furent nettement moins propices. Mais peu lui importait. Quentin passa quatre jours après Xavier. Son succès sur les textes de Rabelais fut sans pareille. Il faut dire qu’il avait usé et abusé de son charme sur l’examinatrice. On a les méthodes qu’on peut.
La voie était enfin libre pour la préparation du voyage. Ils avaient une semaine devant eux pour tout mettre en place.
Marianne arriva le lendemain chez Xavier. Comme prévu, Jeanne et Sylvie essayèrent de la dissuader de faire le voyage –évoquant des dangers sur la route, etc… Mais comme prévu également, elle ne changea pas d’avis. Elle ne revenait jamais sur ses décisions. Xavier souriait à chaque fois qu’il voyait ses sœurs s’approcher de sa grand-mère avec un air des plus sérieux pour lui parler du voyage. Et il riait à gorge déployée quand celle-ci les envoyait royalement paître.
Le jour du départ approcha, puis arriva. On appelle ça l’inéluctabilité.
Il était une fois en France – Annexes
