Chapitre 1
La vérité
Presque un an s’était écoulé depuis les aventures de Xavier et ses amis dans le Jura. Les trois garçons étaient passés en terminale sans aucun problème. Finalement, Sylvie n’était pas partie à l’étranger, mais s’était lancée dans des études de pharmacie, car elle en avait eu marre du droit. Eva faisait également les mêmes études (elle avait un an de plus de Xavier). Jeanne était en troisième année de pharmacie. Les trois jeunes filles étudiaient donc au même endroit.
Xavier, Olivier et Quentin s’étaient encore une fois retrouvés dans la même classe. Ils en avaient été ravis. L’année s’était fort bien déroulée, et les garçons étaient bientôt en vacances de Pâques.
Les parents de Xavier avaient repris leurs activités au ministère et étaient donc souvent absents. Mais Jeanne, Sylvie et Xavier étaient habitués à s’occuper seuls. Ils faisaient juste quelques recommandations d’usage à leurs parents quand ceux-ci partaient en mission.
Francis Dugas avait été condamné à perpétuité et était enfermé à la prison de Fresnes. Eva n’avait toujours pas découvert la vérité sur son arrestation. Mais elle était déterminée à apprendre la vérité. Xavier culpabilisait beaucoup de ne pas lui dire, mais il n’avait pas le choix.
En ce beau vendredi après-midi d’avril, juste avant les vacances de Pâques, Eva rentrait de la faculté de pharmacie avec Jeanne et Sylvie. Les trois jeunes filles avaient appris à beaucoup s’apprécier, ce qui n’était pas dur car elles avaient toutes les trois un caractère très coulant et gentil. Elles se disaient presque tout. Sauf, dans le cas de Sylvie et Jeanne, qui ne disaient rien concernant l’arrestation de Francis Dugas. Et Eva ne parlait jamais de sa relation avec Xavier aux deux autres. Mais en-dehors de cela, elles se disaient tout.
Les trois jeunes filles marchaient en plein soleil en discutant vivement.
« J’en ai marre des journées de merde comme ça, s’exclamait Eva. Franchement ça saoule ! Surtout la chimie organique en fin de journée !
-Bah on a pu faire notre devoir de physique en chimie orga, dit malicieusement Sylvie.
-Et puis on a fait la sieste, renchérit Jeanne.
-Mais je sais pourquoi tu as passé une mauvaise journée, reprit Sylvie.
-Ah bon, pourquoi alors ? » demanda Eva.
Elle savait ce que Sylvie allait lui dire, mais cela faisait partie du jeu entre elles. Les deux sœurs la charriaient quant à sa relation avec Xavier et elle faisait semblant de se vexer. Ce n’était pas très intelligent, mais c’était comme ça.
« Eh bien c’est simple. Tu n’as pas vu notre cher et bien aimé frère qui avait cours ce jusqu’à 13h ce midi, dit Sylvie, ma chère Eva…
-Mais de quoi tu te mêles toi ??
-Ca va, on déconne, dit Sylvie en riant. Ca va quand même faire un an et demi que vous sortez ensemble ! Avec vos caractères respectifs, ça relève du miracle !
-Insiste encore un peu, tu es presque vexante ! »
On pourrait croire que c’était la première fois que Eva entendait cette remarque, mais ce n’était pas le cas. Cela faisait encore partie du jeu entre les filles.
« Ouais donc vous allez bientôt fêter ça, ça va bientôt faire un an et demi là !
-Oui, ça a commencé six mois qu’il parte à vélo, dit Eva pensivement.
-Et qu’il fasse son arrestation magistrale de Francis Dugas, dit Sylvie sans y penser.
-Quoi ??? »
Eva n’était pas sûre de bien avoir entendu. Sylvie réalisa ce qu’elle avait dit et se maudit. Elle avait dit cela mécaniquement, c’était sorti tout seul. Xavier allait la tuer. En attendant il fallait rattraper le coup le mieux possible. Eva ne lâcha pas le morceau.
« C’est quoi cette histoire ? Vous êtes en train de me dire que c’est lui qui a emprisonné mon père ? »
Sylvie pensa que le mieux était de lui dire la vérité. Au point où elle en était…
« Oui, mais il ne savait pas que c’était ton père qui était derrière ce trafic. Xavier travaillait pour le gouvernement.
-Et alors, il ne sait pas demander leur nom aux personnes ?
-Ton père menaçait la sécurité intérieure du territoire, dit Jeanne sur un ton convainquant.
-Et alors ? C’est mon père quand même !!! »
Elle était rouge de colère, son regard accusateur allait de Jeanne à Sylvie et de Sylvie à Jeanne. Elles auraient dû le lui dire. Elle était sortie pendant un an avec le type qui avait brisé sa famille ! Et personne ne l’avait prévenue ! Elle en voulait à Jeanne et Sylvie. Mais surtout à Xavier… Il ne perdait rien pour attendre celui-là. La haine pour celui qu’elle aimait pourtant montait en elle progressivement à mesure qu’elle assimilait l’information qu’elle venait d’obtenir.
Sur ces entrefaites, Xavier arriva, souriant, en direction des filles. Il revenait de Lakanal et était venu à leur rencontre, comme il l’avait prévu avec Eva. Qui avait d’ailleurs complètement oublié.
« Salut les jeunes, dit-il.
-Salut James Bond, » lui dit froidement Eva.
Elle s’approcha de lui et lui mit une baffe mémorable. Le temps que Xavier réalise ce qui s’était passé, elle était partie en courant et avait tourné le coin de la rue. Xavier essaya de la suivre. Il courut après elle.
« Eh Eva ! Qu’est-ce qui se passe ?
-Ce qui se passe ? Voyons, réfléchissons… Ah oui, tu ne serais pas le type qui aurait emprisonné mon père, et qui m’aurait menti pendant un an ? Tu ne serais pas cet enfoiré-là ?
-Mais Eva…
-Ecoute connard, je ne veux plus jamais te voir. Plus jamais de ma vie. Si tu essayes de me contacter ou si tu viens à moins de 100 mètres de chez moi, je te jure que ça va très mal se passer ! Et si tu oses poser encore ton regard sur moi, je te ferai expulser du lycée avant que tu aies le temps de raconter tes bobards de merde à quelqu’un d’autre ! »
Et elle tourna les talons, laissant Xavier seul. Le jeune homme sentit une vague de tristesse l’envahir alors qu’il regardait partir Eva. Il s’assit sur un banc proche et se mit la tête dans les mains…
Il était une fois en France – Annexes