Il était une fois en France – Livre 2 : The show must go on (avril – mai 2006)

Chapitre 3
Dangers


Quatre jours après son évasion, Eva alla voir son père. Celui-ci l’accueillit à bras ouverts. Elle se blottit dans les bras de l’homme qu’elle connaissait si peu mais qu’elle savait être son père. Il la serra contre lui, puis l’écarta un peu de lui pour la regarder. Puis il prit la parole.

« Tu as bien agi ma fille, dit-il. Je te savais capable de faire des trucs idiots, mais là tu dépasses mes espérances, bravo !

-Je suis la digne fille de mon père.

-Tu l’as dit ! Ta mère sait que c’est toi qui m’as fait évader ?

-Non, le seul à s’en douter doit être Xavier. Et il doit faire dans son froc en ce moment.

-Ah je suis fier de toi ma fille !

-Merci… papa.

-Alors, repris Francis Dugas, il faut qu’on s’occupe du cas de ton ami Xavier. Il m’a humilié et a ruiné mon commerce, ce petit connard va payer. Et pas avec des pièces jaunes ! En billets verts bien sanglants !

-Ne le maltraite pas trop quand même, je veux juste que tu lui fasses regretter de m’avoir menti, lui recommanda Eva.

-Ne t’inquiète pas, il va le regretter au-delà de tes espérances, dit Francis d’un ton des plus inquiétants.

-Interdit de le tuer, précisa Eva.

-Ouais ouais, dit Francis dubitatif.

-Mais pourquoi ? Ca tue tout le plaisir, c’est le cas de le dire, dit en se marrant Jack qui venait d’arriver.

-Je suis sérieuse.

-Moi aussi ma fille ! Il a gâché un an de ma vie et a mis par terre mon organisation en Suisse, il va mourir, il ne mérite pas mieux.

-Ne le tue pas, » le supplia Eva.

Elle commençait à être inquiète. Son père semblait vraiment cruel. Peut-être s’était-elle trompée depuis le début. Peut-être était-il vraiment mauvais. Mais c’était son père ! Comment penser cela de son père ?

« Pourquoi tu m’as fait évader alors ? demanda Francis.

-Pour lui faire peur et lui montrer qu’il a perdu, dit Eva en essayant de se reprendre.

-Ce n’est pas logique, objecta Jack.

-C’est parce que c’est intelligent, répondit Eva.

-Ah, j’me disais aussi…

-Je vais tout de même lui régler son compte, dit Francis.

-Non, dit Eva en se plantant devant lui, sinon je te dénonce à la police et tu retournes en prison.

-Et moi je dis que c’est toi qui m’a fait évader, j’ai des témoins : les personnes que tu as engagées, et Jack. »

Et voilà, il la tenait. Elle n’avait plus le choix maintenant. Elle était tombée dans le piège qu’elle avait elle-même organisé. Ah si seulement Xavier était là ! Il saurait quoi faire, lui !

« Désolé Eva, dit Jack. Il paye mieux. Et il a les moyens de me faire tuer…

-Donc je vais le tuer -pas toi, Jack, mais le petit connard- tu ne peux pas m’en empêcher, dit Francis.

-Enfoiré, lui hurla Eva en lui mettant une baffe.

-Mais non ! J’ai juste plus le sens des affaires que toi.

-C’est bien ce que je dis !

-Un jour, tu comprendras, ma fille. Bon, j’y vais, j’ai un mec à trucider. Viens, Joe.

-Chef, oui chef ! On en fait quoi de la gamine, chef ?

-On la laisse ici, de toute façon, elle n’a pas envie de sortir cette petite fille, hein ?

-Je ne vais pas honorer cette question d’une réponse, » répondit Eva hautainement.

Les deux hommes sortirent de la salle en enfermant Eva. Elle s’effondra sur le sol. Son père était donc vraiment un monstre ! Et elle avait été si stupide ! Elle pensa à Xavier et commença à culpabiliser. Il allait peut-être mourir à cause d’elle… Et elle s’apercevait qu’elle n’avait rien à lui reprocher finalement. Elle fondit en larmes.

***

Francis Dugas et Jack sortirent de leur repaire et montèrent dans la Mercedes noire que Fred avait mise à leur disposition. Ils avaient réfléchi à leur plan la veille. Ils savaient comment atteindre Xavier. Ses parents étaient en mission en Chine et il restait plus que ses sœurs à la maison. Il ne leur restait plus qu’à trouver des armes…

Après être passé chez leur fournisseur, un grand ami de Francis qui les avait équipé de petits pistolets discrets et d’armes plus lourdes pour les situations difficiles, les deux hommes arrivèrent devant chez Xavier. Francis sonna pendant que Jack faisait le tour de la maison. La rue était presque déserte : le temps superbe qu’il faisait avait incité les gens à partir en vacances. Sylvie ouvrit la porte.

« Bonjour mademoiselle, dit Francis, je m’appelle Marc Forget, je travaille avec vos parents, et ils avaient un message très important et confidentiel à vous faire passer. Cela concerne votre frère Xavier. Je peux entrer ?

-Je veux voir votre carte d’abord, » dit Sylvie.

Elle se méfiait de cet homme instinctivement. Elle avait l’impression de l’avoir déjà vu, mais elle ne savait pas où. Il y avait quelque chose de vaguement familier dans sa façon de parler. Quelque chose qu’elle avait déjà remarqué chez une de ses amies, mais elle ne se rappelait plus laquelle.

Francis sortit un faux papier officiel qu’il avait trouvé sur Internet. Cela détendit Sylvie qui le fit entrer. Il la suivit jusqu’à la cuisine.

« Je suis désolée monsieur, dit-elle, mais Xavier n’est pas là. Je peux toutefois lui transmettre le message si vous voulez.

-Où est-il donc ?

-Avec des amis je crois. Vous savez, il a une vie en dehors du service.

-Il me faut son numéro de téléphone s’il vous plaît mademoiselle.

-Hors de question, » répondit Sylvie.

Xavier le lui avait formellement interdit, mais même sans cela, elle ne l’aurait jamais donné. Quelque chose lui déplaisait vraiment chez cet homme.

Mais Francis ne lâcha pas prise.

« Il me le faut vraiment mademoiselle.

-Pourquoi faire ? Si vous avez un message à lui faire parvenir, vous me le dites et je l’appelle. C’est comme ça que ça marche ici, et pas autrement 

-Ca ne va pas être possible, » dit Francis avec un ton inquiétant.

Il se rapprocha doucement de Sylvie et continua sur un ton inquiétant.

« C’est vrai que vous lui ressemblez, dit-il, vous avez ses yeux. Et sa manière défiante et suffisante de parler. Ainsi que cette confiance en vous.

-Vous le connaissez donc ? »

Sylvie ne comprenait plus rien. Cet homme lui faisait peur. Elle voulait qu’il sorte.

« Je ne connais que lui. J’ai dû étudier tous les recoins de son visage et de son attitude, vous savez mademoiselle… Pour copier une personne, il faut la connaître par cœur. Mais lui me connaît bien mal. Le fait que vous soyez seule ici et lui en vadrouille montre bien comme il me connaît mal. Et cela lui coûtera. J’ai perdu une fois. Je gagnerai la deuxième manche. »

Et là elle comprit. Elle regarda Francis avec horreur et tenta de sortir de la cuisine. Mais Jack, qui était entré dans la maison pendant ce temps-là, lui barra le chemin. Sylvie était effrayée. Les deux hommes l’acculaient contre le mur de la cuisine. Elle ne trouvait même pas la force de crier. La frayeur la tétanisait.

« Que… que voulez-vous ?, balbutia-t-elle.

-Son numéro de téléphone mademoiselle.

-Jamais, dit-elle.

-Et ne serait-il pas là-dedans ? demanda Jack en brandissant le téléphone de Sophie qu’elle avait laissé sur la table du salon. Peut-être est-il à « Xavier » dans le répertoire, on ne sait jamais, » continua-t-il.

Et sous le regard effrayé de Sylvie, il composa le numéro de Xavier sur son téléphone.

***

Pendant ce temps, Xavier était assis sur un banc en train de discuter avec deux amis. L’un des deux était Jacques, celui qui avait aidé Xavier à trouver des itinéraires pour le voyage à vélo. L’autre s’appelait Paul.

« Alors si tu considère la mémoire RAM du nouveau Packart Bell 5880Ω380, racontait Jacques, eh bien tu peux insérer n’importe quel programme complémentaire à celui dont je t’ai parlé, ce qui te permet d’avoir un meilleur rendement qualité-prix, ce qui augmente la qualité de ton produit fini, ce qui te permet de te moderniser, etc, etc…

-Le grand cycle de la vie, quoi, dit Xavier.

-Exactement

-Ou pas, intervint Paul.

-Merci de ta brillante intervention, lui fit remarquer ironiquement Jacques.

-De rien, c’est gratuit, répondit Paul.

-Et comment je peux être sûr que c’est gratuit ? demanda Jacques.

-C’est comme le Port-Salut, c’est écrit dessus. »

C’était un jeu entre ces deux-là. A chaque fois qu’il trouvait qu’une conversation devenait trop sérieuse, Paul lançait un petit « ou pas » pour détendre l’atmosphère. Et Jacques se dépêchait d’embrayer. Cela les amusait beaucoup.

« Excusez moi, les gars, intervint Xavier, mon portable vibre. Allo ?  »

Et alors il entendit la chose la plus terrible de sa vie. C’était la voix malheureusement trop bien connue de Jack au téléphone.

« On tient votre sœur Sylvie en otage, soyez devant l’orangerie du parc de Sceaux dans 20 minutes. Seul.

-J’y serai, » dit Xavier d’une voix blanche.

Il raccrocha, s’éloigna de ses deux amis et s’assit sur un banc plus loin dans la rue. Il se mit la tête dans les mains. Il savait bien que Francis essayerait de l’avoir par tous les moyens, mais il n’avait jamais imaginé qu’il s’attaquerait à sa sœur. Surtout que c’était une amie d’Eva. Il se redressa, pensif. Ainsi cela voulait dire que Francis avait peut-être immobilisé Eva. A ce moment-là, la situation était pire que tout…

Il se leva du banc, et composa un numéro sur son portable.

« Monsieur le ministre, ils ont pris contact. Au parc de Sceaux. Mettez une équipe en back-up aux portes 1,2,3 et 5, comme ça j’entrerai par la porte 4 et ils verront qu’elle n’est pas surveillée. Over and out. »

Il raccrocha, remit le portable dans sa poche et retourna vers ses amis.

« Désolé les gars, le devoir m’appelle. Développe bien ton programme Jacques. Et toi, Paul à une prochaine fois

-Essaye de ne pas te faire tuer, lui dit Jacques, j’ai besoin de tes fonds pour développer ce truc. Et s’il te plaît, essaye de me faire une dédicace si tu passes aux infos cette fois !!!!

-J’y penserai.

-Amuse toi bien, » lui dit Paul.

Xavier leur serra la main et s’éloigna. Ses amis restèrent assis sur le banc à plaisanter.

« Il va encore sauver le monde ? demanda Paul.

-Faut croire. Il croit encore que ça vaut la peine.

-Arrête, y’a peu de gens comme ça qui sont prêts à risquer leur peau pour sauver le monde, la France et tout.

-Oui, mais il va passer aux infos aussi…

-Ouais, c’est vrai que ça justifie qu’il risque sa vie, approuva Paul. En fait, tout ce qu’il veut, c’est la célébrité, cet enfoiré !

-Eh oui, t’as tout compris ! Comme tu vois, les apparences sont souvent trompeuses… »

Et sur ces bonnes paroles, les deux jeunes hommes partirent d’un grand éclat de rire.




Il était une fois en France – Annexes


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