Chapitre 5
Le retour du commissaire
Le commissaire Georges arriva un quart d’heure après l’appel de Xavier. Il montra son badge au garde qui s’était posté à l’entrée après l’arrivée de Xavier et entra dans le parc. Il se dirigea droit vers Xavier et Eva. Xavier, qui n’avait pas desserré les dents depuis son dialogue avec Jack, sourit à la vue du commissaire.
« Heureux de vous revoir, Xavier, lui dit le commissaire Georges. Dommage que ce soit dans de telles conditions.
-Merci de vous être déplacé, commissaire.
-C’est normal. Pourquoi ne pas avoir demandé au chef des opérations de disposer de Jack ?
-Je ne veux pas que Dugas sache que j’ai maîtrisé ses hommes. Je veux qu’il doute. Et le chef d’escouade aurait évacué ces bandits bruyamment. Or j’ai besoin de quelque chose de discret. Et de quelqu’un de confiance.
-Flatté de votre confiance. J’emmène aussi la blonde ? demanda-t-il en désignant Eva.
-J’aimerais vous dire oui, mais je la garde. J’ai besoin d’elle pour trouver Dugas.
-Gaffe garçon. Dès qu’une femme se mêle de quelque chose, ça devient compliqué.
-C’est déjà compliqué à cause d’elle ! »
Le commissaire Georges lui sourit et se tourna vers Jack, ligoté à un arbre.
« Alors c’est ça le grand complice de Dugas, dit-il. Tu était mieux sous les barreaux, tu ne trouves pas ?
-Cassez-vous. »
Et Jack détourna la tête.
« Bon, je m’occupe de lui et du corps de la fille, dit Georges. Allez-y avant qu’il ne soit trop tard.
-Commissaire… merci.
-T’en fais pas garçon. Allez go ! »
Xavier partit en courant, Eva sur ses talons.
Elle le rattrapa.
« Ca m’a fait drôle que tu dises que tu avais besoin de moi, » lui dit-elle.
Xavier se retourna et la dévisagea.
« Ecoute Eva, dit-il, je veux que ça soit très clair entre nous : je n’ai besoin de toi que pour sauver Sylvie, si elle est encore vivante, et ensuite je ne veux plus jamais te revoir. Ma sœur est en grand danger à cause de toi, j’ai tué une femme à cause de toi, et un homme va me traquer à vie pour cela à cause de toi. Alors fiche moi la paix. Tu as voulu être plus maligne que tout le monde, mais ça t’a échappé. J’espère juste que ça te servira de leçon. »
Et il partit rapidement.
« Xavier ? »
Il se retourna.
« Quoi encore ?
-Leur planque est de l’autre côté du parc. Tu vas dans la mauvaise direction.
-Admettons, » bougonna-t-il.
Après quelques minutes de course effrénée à travers le parc, ils arrivèrent en vue de la clairière où étaient Dugas et ses hommes.
« Et voilà chef, lui dit Eva. Maintenant comment on récupère ta sœur ?
-J’ai une idée, mais elle ne va pas te plaire. Tu serais éventuellement prête à y aller ?
-Oui, c’est pour ça que je t’ai proposé mon aide, » répondit-elle, enthousiaste à l’idée de faire quelque chose pour se faire pardonner.
Elle sortit de leur cachette et se dirigea vers le petit groupe. Fred fut le premier à la voir arriver. Il tapota sur l’épaule de Francis pour lui signaler l’arrivée de sa fille. Francis fut surpris.
« Qu’est-ce que tu fais là ? Comment tu t’es échappée ?
-Eh bien quand j’étais gamine, tu m’a appris à sortir d’une pièce dont je n’avais pas les clés. Au fait, j’ai reparlé à Xavier, c’est un enfoiré, tue-le, mais on le fait à ma manière !
-Voilà qui est parler, fit Francis admiratif. On fait comment ?
-Fais moi confiance, lui répondit Eva, donne moi la fille, que je m’en serve comme appât, et échanger la liberté de Sylvie contre la captivité de Xavier. Il mordra à l’hameçon. »
Francis regarda sa fille, puis éclate de rire.
« Comme si je ne te voyais pas venir avec tes grands chevaux ! Qu’est-ce qui me dit que tu n’es pas avec lui ? Et que tu ne vas pas tout simplement libérer ma jeune amie ici présente ?
-Tu peux me faire confiance, papa.
-Non, je ne te fais pas confiance, mais de toute façon, j’ai un autre otage. »
Il fit signe à Fred qui s’éloigna, puis revint en tenant un jeune homme par le bras. Alors qu’ils se rapprochaient, Eva distingua le visage du prisonnier : c’était Quentin.
Xavier, qui avait observé la scène de lui, s’exclama :
« Oh mon Dieu, Quentin ! »
Eva essaya de ne pas se laisser décontenancer. Elle décida d’applaudir ce que son père avait fait.
« Tu es un génie, papa.
-Je sais, répondit Francis. Mais juste une chose à propos de la fille, lui chuchota-t-il à l’oreille, je lui ai dit des trucs compromettants, donc arrange toi pour qu’elle reste planquée dans un buisson pour qu’on s’occupe d’elle une fois que ça sera terminé.
-Je ferai ça. »
Et Eva partit avec Sylvie. Elles arrivèrent à la planque de Xavier.
« C’était Quentin, dit Xavier.
-Je sais, répondit Eva.
-La situation est pire que ce que j’imaginais. Mais heureusement, Tu es hors de danger, Sylvie.
-Oui, répondit Eva, mais elle ne doit pas quitter ta planque, sinon mon père se doutera que je l’ai doublé. Le deal est simple : toi contre Sylvie. Mais ta sœur en sait trop, donc il veut la tuer une fois que tout ceci sera fini. Il veut donc qu’elle reste ici. Et on va faire ce qu’il demande jusqu’à un certain point.
-Comment je peux être sûr que je peux te faire confiance ? demanda Xavier.
-Tu ne peux pas, répondit Eva. Mais ce n’est pas mon ami qui est retenu en otage là-bas.
-Okay, coup bas. On fait comment maintenant ?
-Tu dois te livrer. Si tu te livres, il me fera confiance et je pourrai régler la situation.
-Bien, de toute façon, je n’ai pas le choix, Quentin n’a rien à voir là-dedans. Toi, Sylvie, reste ici, et planque toi. Si tu entends quelqu’un arriver, tu cours sans te poser de questions, c’est bien entendu ?
-Bien. Bonne chance Xav. »
Elle l’embrassa sur la joue, se blottit contre lui et éclata en sanglots.
« Xavier… Je suis si désolée.
-Ne t’inquiète pas. Tu es vivante, c’est ce qui compte. »
Eva les regarda, puis intervint.
« Il faut y aller. Suis-moi Xavier. Et donne-moi ton flingue. »
Elle braqua le revolver sur lui et ils se dirigèrent vers le repaire de Francis. Le regard du trafiquant s’éclaira lorsqu’il vit son pire ennemi à sa merci. Il jubilait.
« Ce fut rapide, dit-il à Eva.
-Je t’avais dit de me faire confiance. Il me mange dans la main ce gamin. En plus, le plus drôle, c’est qu’il croit toujours que je suis de son côté. Et sa sœur est planquée pas loin, car je lui ai dit que je voulais gagner ta confiance. Brillant, non ? »
Xavier regarda Eva d’un air horrifié. Il fut pris d’un immense doute. Et si elle ne jouait pas la comédie ? Et si elle l’avait vraiment trahi ? Alors il était mort et sa sœur aussi.
« Bordel de… fit Xavier.
-Putain de… renchérit Quentin.
-Eh oh, pas de grossièretés s’il vous plait, leur cria Eva.
-Mais, Eva… balbutia Xavier.
-Toi, ta gueule, lui cira-t-elle en agitant son revolver sous le nez de Xavier. J’ai fait de toi ce que je voulais, alors maintenant tu la fermes !!! »
Xavier était abasourdi. Faisait-elle semblant ? C’était très bien joué alors. Il décida de voir comment tout cela allait évoluer. De toute façon, avec deux revolvers braqués sur lui, il n’avait pas beaucoup de choix. Francis prit la parole :
« Bon lequel des deux je tue en premier ?
-Ne tuez pas Quentin, répondit Xavier pour gagner du temps, il n’a rien à voir là-dedans, c’est moi que vous voulez. Laissez-le partir.
-Hors de question. Il en sait trop. Et il t’a aidé à me coincer.
-Mais il vous passe quoi par la tête ??? Laissez le bordel !!! »
Xavier avait hurlé. Il était hors de lui. Il avait peur. Peur pour lui, peur pour Quentin, peur pour Sylvie. Et tout ceci était entre les mains de quelqu’un à qui il ne savait même pas s’il pouvait lui faire confiance. Eva intervint :
« Laisse-moi les tuer papa.
-Tu en serais capable ?
-Oui.
-Alors fais-le. »
Et alors, à la grande stupeur de Xavier, Eva leva son revolver dans leur direction. Son regard était dur. La détermination se lisait dans son regard. Xavier se sentit trahi. Il voulait crier, mais aucun son ne sortait de sa bouche. A côté dé lui, il sentait Quentin qui tremblait aussi. Il n’osait pas le regardé, rongé par la culpabilité d’avoir mis son ami dans cette situation. Et son regard était plongé dans celui d’Eva, à la recherche d’une lueur d’espoir, une lueur comme quoi tout ceci ne serait qu’une comédie. Mais il ne trouva rien de tel. Juste un regard dur comme la pierre et un doigt sur une gâchette. Eva ordonna aux deux garçons de se retourner. Xavier entendit une première détonation et vit Quentin tomber à ses pieds. Il ne lui restait plus que quelques secondes à vivre, il le savait. Il entendit une autre détonation et sentit une douleur aiguë dans le dos. Il tomba à terre. Il sentit les ténèbres l’envahir. Puis plus rien.
Après avoir tiré dans le dos des deux garçons, Eva se retourna vers son père l’air satisfait. Francis était impressionné par la froideur et la détermination de sa fille.
« C’est fait, dit-elle. Te voilà débarrassé papa.
-Merci ma fille. Je suis impressionné. Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?
-L’amour d’une fille pour son père.
-C’est bien. »
Francis était ému. Il s’en voulait d’avoir amené sa fille à tuer pour pouvoir lui faire confiance, mais c’était le prix à payer dans son métier. Il emmena Eva plus loin, là où ses hommes étaient postés. Il s’adressa à eux :
« Messieurs, j’ai une grande nouvelle : Xavier Guislain est mort. Son ami Quentin est mort également. Il ne me reste plus qu’à tuer sa sœur Sylvie, et ma vengeance aura été complète. Je vous félicite pour votre boulot. Mais nous ne sommes pas encore tirés d’affaire. Les services secrets encerclent le parc. Il faut encore que l’on sorte, et ce avant qu’ils n’attaquent. Allez préparer l’hélico les gars. Moi je vais m’occuper de la fille Guislain. »
Les hommes partirent. Francis regarda sa fille d’un air fier. Elle ne l’avait pas déçu aujourd’hui. Peut-être plairait-elle à ses employeurs ? Qui sait… Il laissa ces considérations à plus tard et décida d’aller s’occuper de Sylvie. Il confia son revolver à Eva, le temps de rassembler ses affaires. Quand il releva la tête, il vit une chose qui l’ébranla au plus haut point : sa fille, Eva Dugas, la braquait de son revolver. Il décida de rester calme, mais son désarroi se lisait sur son visage.
« Ne bouge plus, lui dit Eva.
-Ma fille, tu me déçois, dit calmement Francis. Mes hommes vont revenir d’ici peu, sur l’aide de qui comptes-tu maintenant ?
-Sur la notre, cher ami, » fit une voix derrière eux.
Francis se retourna et vit Xavier et Quentin, sains et saufs, debout devant lui. Eva souriait. Elle ne les avait pas tués. Elle avait chargé le revolver de Xavier avec des balles à blanc pour gagner la confiance de son père. Xavier s’en voulut d’avoir douté d’elle.
Après être tombé à terre, Xavier avait été inconscient quelques instants, puis avait réalisé qu’il était toujours vivant. Il avait fait signe à Quentin de ne pas bouger avant son signal. Puis quand ils avaient vu qu’Eva avait toutes les armes, ils avaient décidé de se manifester. Eva passa un des revolvers à Xavier.
« Il faut savoir perdre, papa, dit Eva.
-Ne crions pas victoire trop tôt, intervint Quentin, les autres vont bientôt revenir, allons-nous en. Tu as du back-up Xavier ?
-Oui, porte 1. Allons-y ! »
Eva fit signe à son père de les précéder, et ils se dirigèrent vers l’endroit où Sylvie était cachée, mais ils eurent à peint fait quelques mètres qu’ils entendirent des éclats de voix derrière eux : les hommes de Dugas revenaient. Dugas cria pour attirer leur attention, et le groupe eut juste le temps de se jeter à l’abri derrière un arbre tandis que les hommes de Dugas commençaient à leur tirer dessus. Eva et Xavier ripostèrent et Francis profita de la confusion pour prendre la fuite. Quentin s’en aperçut et prévint Xavier. Xavier donna sa radio à Quentin.
« Préviens les commandos qu’ils peuvent intervenir, je m’occupe de Dugas. Que personne ne sorte du parc, c’est bien clair ? Continuez à les canarder. Tiens Quentin, voilà un revolver.
-Xavier ? fit Eva.
-Quoi encore ?
-Bonne chance.
-On se reparle après. »
Et il partit en courant. Il avait vu que Francis était parti en direction du château. Xavier connaissait un raccourci et il espérait pouvoir lui couper la route. Il arriva à la hauteur de son pire ennemi au niveau du grand canal. Francis le vit et accéléra la cadence. Xavier était déjà épuisé de ses bagarres de la journée, donc Francis commença à gagner du terrain. Visiblement, il n’avait rien perdu de sa forme physique en prison. Il s’était même entraîné. Il avait dû se préparer pour cette journée… Xavier lui tira dessus pour le ralentir, mais rata sa cible. Il allait le perdre ! Il ne pourrait jamais le rattraper. Et s’il ne le rattrapait pas, il ne serait plus jamais tranquille ! Une menace pèserait toujours sur lui ! Xavier eut un regain d’énergie à cette pensée et continua à poursuivre Dugas à travers les bois. Mais alors que Xavier était ralenti par les branchages qui arpentaient le sol, Dugas se frayait habilement un chemin. Et Xavier commençait à le perdre de vue…
Pendant ce temps, Quentin avait utilisé la radio de Xavier pour appeler des renforts, mais lui et Eva commençaient à être à court de munitions. Et les hommes de Dugas se rapprochaient dangereusement… Quentin et Eva se regardèrent, désespérés.
« Il me reste 5 cartouches, dit Quentin.
-Je n’en ai plus, » répondit Eva.
Quentin leva les yeux au ciel. Ils tirèrent alors les balles qui restaient une par une, pour ralentir la progression de leurs assaillants. Puis vint la dernière.
« Ils ne vont pas mettre longtemps avant de réaliser qu’on est à court, dit Quentin.
-Ils ne sont pas encore trop près. On court ! »
Et ils partirent comme des flèches. Les hommes de Dugas leur tirèrent dessus, mais ratèrent leurs cibles. Ils se lancèrent à la poursuite des jeunes gens. Eva et Quentin se séparèrent pour avoir de meilleures chances. Il fallait qu’ils atteignent une porte. N’importe laquelle…
Xavier s’arrêta, essoufflé. Francis l’avait semé. Il avait perdu. Il sentit une vague de fatigue et de désespoir l’envahir. Il n’avait pas été à la hauteur. Il n’avait pas su arrêter un dangereux criminel. Il se laissa tomber sur le sol, lorsqu’il entendit le bruit de quelqu’un qui arrivait en courant : c’était Quentin. Xavier se cacha derrière un arbre, pensant que Quentin était poursuivi, et attendit. Quand le poursuivant du jeune homme arriva, Xavier le laissa passer, puis sortit de sa cachette et lui tira dans la jambe. L’homme tomba à terre et lâcha son arme. Xavier éloigna le revolver de l’homme à terre d’un coup de pied. Quentin revint sur ses pas, visiblement essoufflé, mais soulagé. Après cette remontée d’adrénaline, Xavier sentit une nouvelle vague de désespoir l’envahir. Quentin le vit.
« Xav’. T’as fait de ton mieux.
-Je sais. Mais ce n’était pas assez. »
Il savait qu’à partir de ce jour, il devait se préparer à vivre dans la peur d’une vengeance de son ennemi mortel. Xavier fut pris d’un accès de rage et frappa dans un tronc d’arbre.
Eva avait réussi à semer son poursuivant. Elle avait couru aussi vite qu’elle le pouvait, changeant de direction régulièrement et passant dans des endroits difficiles pour son assaillant (qui était bien enveloppé) mais facile pour elle qui était agile et sportive. Elle s’arrêta pour souffler un peu. Puis elle vit son père arriver, désarmé. Elle décida de bluffer et pointa son revolver vide vers lui.
« Arrête toi tout de suite.
-Tu tirerais sur ton père ?
-Tu n’as jamais été mon père. »
Francis la regarda pensivement, choqué par ce qu’elle venait de dire, mais calculant ses chances de s’en sortir. Mais le destin décida pour lui.
Un homme habillé en noir avec un gilet pare-balles arriva. Il avait visiblement tout suivi de loin. Une escouade d’agents le suivait.
« Agent spécial Johnson de la DST, dit-il. Monsieur Dugas, vous êtes en état d’arrestation et je pense que vous prendrez la perpétuité cette fois. Veuillez me suivre. Mademoiselle Dugas, mes félicitations, ceci vous vaut l’effacement de votre ardoise pour l’évasion de votre père.
-Je vous remercie et vous présente mes excuses.
-Où est Mr Guislain, que je puisse le féliciter également ?
-Je crois savoir où il est, fit Eva. »
Xavier était assis sur la grande pelouse, devant le château, et regardait le parc désert. Le soleil commençait à se coucher. La journée avait été longue. Et peut-être la plus dure de sa vie. Il se sentait triste. Il avait mis son ami Quentin dans une situation difficile. C’était la deuxième fois qu’il lui faisait le coup. Il s’en voulait. Mais en même temps, il était soulagé que Dugas ait été capturé. Le commissaire Georges avait lui-même appelé Xavier pour l’en informer. Xavier avait ensuite adressé ses félicitations à l’agent Johnson. Et Eva avait été graciée. Il en était content. Mais rien ne serait arrivé si elle s’était tenue à carreau, se dit-il.
Il entendit des pas se rapprocher derrière lui. Il se douta que c’était Eva.
« Alors, ça valait le coup toute cette histoire ? »demanda-t-il sans se retourner.
Eva ne répondit rien et vint s’asseoir à côté de lui
« T’as vu, continua Xavier, ton père n’était pas vraiment un type bien. Il fallait que je l’arrête. Je suis juste déçu d’avoir dû reprendre du service pour que tu me fasses enfin confiance.
Eva était toujours silencieuse, elle regardait le soleil couchant, réfléchissant à ce qu’elle pourrait dire. Elle prit finalement la parole.
« Je n’ai rien à dire pour me justifier. Sache juste que je suis désolée et que j’admire ton courage.
-Je ne te demande pas ça. Je ne veux pas que tu sois désolée. Je veux juste que tu saches que je suis déçu. Et je me demande ce qu’on fait maintenant.
-C’est-à-dire ?
-Bah qu’est-ce qui va advenir de nous ? On fait quoi tous les deux ? Parce que concrètement, c’est compliqué. Je suis officiellement le mec qui a coffré 2 fois ton père. Et là toute la France le sait, ça a été diffusé aux infos. Et je vais même être décoré en septembre pour ça. Donc je sais ce que je veux, mais pas ce que toi, tu veux, ni ce que tu peux. Est-ce que moralement tu sens que tu peux ressortir avec moi ?
-Ecoute, Xavier, je n’en ai rien a foutre que la France te soit reconnaissante, et ça ne m’intéresse pas non plus qu’on te remette la Légion d’Honneur pour services rendus à la France. Tout ce que je veux, c’est revenir avec toi. J’en ai rien à foutre non plus que ça ne marche pas très longtemps, et qu’on ne reste ensemble que quelques mois. On est encore jeunes et on ne restera sûrement pas ensemble toute notre vie, mais pour le moment, c’est avec toi que je veux rester. »
Xavier fut ému de cette déclaration. Il regarda Eva. Elle était sincère.
« Après tout ce qui s’est passé… commença-t-il.
-Oh, écoute, tu vas pas nous faire le coup du héros fatigué qui est blasé sur la vie ! T’as 18 ans, tu as encore des choses à vivre ! Alors ne me fait pas croire que tu es blasé ! Tu t’es quand même bien marré en mission je pense.
-C’est pas faux en même temps… Même s’il y a eu des moments durs.
-Alors ne me fait pas croire que tu ne veux plus de moi alors que tu veux que je revienne !
-Ouais, vaguement…
-Abruti. Tu sais que j’ai raison.
-Tu n’as qu’un seul moyen de le vérifier… »
Elle se rapprocha et leurs lèvres se touchèrent doucement.
Il était une fois en France – Annexes