Chapitre 19
Veronica Siretti (9 août 2009, 11h à Madère)
Lorsque la foule était arrivée devant sa résidence, Rui Marcovi était apparu à son balcon et avait prononcé un discours où il promettait aux Madériens une stabilisation de la situation politique sous peu. Il avait senti la déception populaire de le voir en vie et cela vait déclenché en lui une rage sans nom.
Lorsqu’il était rentré dans ses appartements, on lui avait annoncé que le commissariat avait été attaqué, et il avait immédiatement fait le lien avec le soulèvement populaire. Il sentait la présence de Carlier et Lambruscino là-dessous. Il avait donc prix 10 de ses meilleurs hommes et avait prix un passage secret reliant sa résidence à la salle de communication du commissariat, le même passage qu’il avait utilisé pour échapper à Leroi. Une fois dans la salle, ses hommes avaient tué silencieusement les deux soldats en faction qui surveillaient la porte, puis ils avaient également tué avec des silencieux les six hommes du couloir simultanément.
Marcovi avait amené Veronica Siretti avec lui car il avait deviné la faiblesse de Carlier. Et là il se tenait devant eux. Ses 10 hommes pointaient leurs armes sur les trois Français. Ils entendirent des pas dans le couloir: d’autres mercenaires arrivaient. C’était fini. MArcovi se tenait dans l’encadrement de la porte et les regardait d’un air comblé : la victoire était totale.
Carlier lâcha son arme. Lambruscino lui lança un regard chargé de reproches, mais Carlier lui répondit par le regard le plus triste qu’il connaissait. Veronica ou pas Veronica, ils avaient perdu.
“Voyez-vous, dit Marcovi, vous avez failli me faire douter. J’ai cru que vous alliez réussir à déstabiliser mon gouvernement, mais vous avez tellement peur de faire des victimes que vous ne savez pas faire ce qui est nécessaire. Et maintenant, après l’échec de votre opération, plus personne n’osera s’attaquer à moi. Merci.”
Tout se passa soudain très vite. Veronica saisit la main de Marcovi, lui fit tourner le bras et retourna son révolver contre lui. Elle fit feu sur ton torse tandis qu’un garde tirait dans le dos de la jeune femme. Veronica et Lambruscino tombèrent en même temps. Lambruscino fut très rapide, il poussa du pied les corps à l’intérieur et referma la porte en la barricadant. Carlier se précipita vers Veronica et la prit dans ses bras. Elle respirait encore.
“Nous aurions pu être heureux,” dit-elle.
Rémi voulut répondre quelque chose, mais la jeune femme eut un dernier râle et expira. Rémi resta prostré sur le corps.
Leroi et Lambruscino regardaient la scène en silence. Marcovi était mort, ils étaient dans la salle du trésor, armés, mais ils ne pouvaient pas lutter à trois contre tous les mercenaires. Ceux-ci ne voudraient plus négocier, ils avaient peur. Ils voulaient garder le contrôle de l’île, même sans Marcovi. Ils n’avaient aucun moyen de contacter l’extérieur.
“Combien de grenades avez-vous chacun? demanda Lambruscino.
-Dix, répondit Leroi.
-Dix, dit faiblement Rémi.
-Moi aussi, dit Lambruscino. Avec trente grenades, on peut enterrer ce trésor sous des tonnes de gravas, avec la plupart des mercenaires. C’est jouable, non?
-Mais comment faire? demanda Leroi. On est à l’étage, on ne peut pas lancer les grenades d’en bas, ni partir assez vite une fois lancées d’ici.
-Je vais rester”, dit Lambruscino.
Rémi eut l’impression de s’éveiller d’un rêve en entendant cela. Il regarda son frère et vit qu’il était décidé à le faire. Rémi devait l’en empêcher.
“Non, dit-il. On va trouver une solution, on va réfléchir, on…
-CARLIER!”
C’était Leroi. Son regard était glacé. Il reprit plus calmement la parole.
“Il n’y a pas d’autre solution. Cette histoire doit se terminer au plus vite. il est hors de question qu’il y ait encore des morts.
-Mais il va y en avoir un, dit Carlier d’une voix faible.
-Rémi, dit Lambruscino d’une voix douce, je suis un mort en sursis depuis un moment déjà. J’ai passé les trois quarts de ma vie à chercher ce trésor, il est donc logique que je meure avec. En plus, les policiers de tous les payes européens sont à mes trousses. Si je m’en sors vivant, je finirai ma vie en prison. Pas de ça pour moi. Laissez-moi au moins mourir pour une juste cause.”
Carlier tourna les yeux vers le corps sans vie de Veronica. Il venait de perdre ce qui aurait pu être son grand amour, et il était sur le point de perdre un frère qu’il venait de retrouver. Mais c’était la seule solution, il le savait. Il se leva et donna une forme accolade à son frère. Celui-ci répondit avec affection, puis les deux hommes se séparèrent.
Leroi tendit la main à Lambruscino et celui-ci la serra gravement. Puis Leroi et Carlier lui donnèrent leurs grenades. Ils cassèrent la fenêtre et descendirent le long du mur. Tous les mercenaires étaient dans le bâtiment, à essayer d’entrer dans la salle du trésor. Les deux hommes courures le plus vite qu’ils purent vers le fond du parc du commissariat, et escaladèrent le mur d’enceinte. lorsqu’ils se laissèrent tomber de l’autre côté, ils entendirent une immense explosion et virent la haute bâtisse s’effondrer.
La plupart des mercenaires étaient morts. Le trésor était enterré sous les gravas. Et Marc Lambruscino était mort.
Rémi Carlier regarda sa montre. Il était 13h. Cela faisait exactement 12 jours qu’il avait atterri sur l’île. Il sentit une larme couler sur sa joue.
Leroi et Carlier retrouvèrent les hommes qui avaient participé au mouvement de foule, parmi lesquels se trouvait Mathieu Gentil. La nouvelle de la vraie mort de Marcovi et de l’enterrement du trésor s’étaient très rapidement répandues dans l’île, et les Madériens sortaient de chez eux en liesse, tandis que le peu de mercenaires restant cherchait à quitter l’île le plus vite possible.
Leroi envoya un de ses hommes à la tour de contrôle de l’aéroport pour remettre la structure en marche, et demanda à Mathieu de rétablir les communications avec le continent.
Le soir même, le Premier Ministre Portugais arrivait à Madère pour témoigner de son soutien à la population. Le bilan des pertes humaines était encore inconnu, mais chacun le savait très lourd. Toutefois, tout le monde se réjouissait de la fin du règne de Marcovi.
Seul Rémi Carlier n’arrivait pas à se réjouir. Cette histoire lui avait trop coûté. IL soupira et regarda à l’horizon. C’était une superbe journée, mais il ne le remarquait plus.