Chapitre 10
L'appartement de Sylvie
Il était 16h. Xavier et Eva se dirigèrent vers la sortie du par cet prirent la direction d’Oxford Street. Heureusement pour eux, en fin de journée, les rues étaient bondées, donc ils passaient discrètement. Ils arrivèrent devant la pharmacie vers 17h30. Quentin et Olivier n’étaient pas là. Ils attendirent donc jusqu’à 18h. Puis 18h30. Les deux autres n’étaient pas là et la pharmacie fermait. Xavier serra les poings. Il s’approcha d’Eva.
« Ils ont dû se faire choper, dit-il. On peut rien faire pour eux. On doit continuer à chercher Sylvie. Suis-moi. On va à son appartement.
-Mais c’est là que la police nous cherchera en premier.
-On a le choix ? »
Et sur ces mots, Xavier partit vers le haut de la rue. Eva le suivit.
A 19h, un fourgon de la police française se gara devant l’appartement de Sylvie sur Bond Street. L’homme en noir en sortit et fit signe à ses hommes de rester à l’intérieur. Il entra dans l’immeuble et monta les escaliers quatre à quatre. Arrivé devant l’appartement que Sylvie avait loué, il frappa trois coups secs à la porte. Sylvie lui ouvrit. Elle laissa la porte entrebâillée.
« Oui ?
-Bonjour mademoiselle Guislain. Je suis l’inspecteur Gar de la police française. Je voulais m’assurer que tout allait bien.
-Tout va bien. Pourquoi ça n’irait pas ?
-Eh bien vous savez que Jean Rousseau est en Angleterre. Nous avons capturé ses complices Riaz et Durand, mais lui court toujours. Et vous ne répondiez pas au téléphone.
-Je dormais. Ma journée a été dure. Eh bien si je vois Rousseau, je vous dirai. »
Et elle referma la porte. Elle se retourna vers Jack.
« Content ? demanda-t-elle.
-Très. »
L’inspecteur Gar était interloqué. La sécheresse de cette jeune fille l’avait surpris. Dans son dossier, elle était décrite comme joviale et aimant la vie, mais là elle avait été très désagréable. Il descendit les escaliers pensivement. Arrivé au fourgon, il appela le commissaire Smith.
« Mister Smith. We need some back-up. I think Sylvie Guislain is in danger. »
Et il raccrocha.
Xavier et Eva arrivèrent dans Bond Street. Xavier repéra tout de suite le fourgon de police et l’agitation qui l’entourait. Il se retourna, prit Eva par le bras et tourna dans une rue perpendiculaire. Ils se cachèrent dans un coin et Xavier prit la parole :
« Je crois qu’il y a un problème. Je dois aller voir. Cache toi dans un hall d’immeuble. Moi j’ai repéré une cour derrière l’immeuble de Sylvie. Je vais escalader par là.
-Mais si Jack est avec elle…
-Il est avec elle.
-Mais tu te jettes dans la gueule du loup. Si Jack ne te tue pas, les flics t’attraperont.
-Je sais, mais on n’a pas le choix. »
Et avant qu’Eva ait pu répliquer, il l’embrassa rapidement et tourna dans Bond Street. Il observa que les policiers semblaient attendre quelque chose, du renfort probablement. En tout cas, ils étaient trop occupés pour faire attention à lui. Ca tombait bien car l’entrée de la cour qu’il avait repérée était à 200 mètres du fourgon. Xavier marcha donc lentement, comme un passant lambda, les mains dans les poches, et la tête baissée. Il atteignit la cour et y entra. Il savait que Sylvie avait un appartement au deuxième étage. Il fallait trouver un escalier de service. Il n’y en avait pas. Mais chaque étage avait son balcon. Xavier laissa tomber son manteau et releva ses manches. Il commença à grimper par la gouttière. Celle-ci était glissante et froide. Mais Xavier n’avait que sa sœur en tête. Il continua son ascension jusqu’au premier balcon. Il y arriva et posa un pied dessus, puis reposa tout son poids. Un étage encore à escalader. Il regarda au-dessus de lui : les volets de l’appartement de Sylvie étaient fermés. Cela allait lui compliquer la tâche. Mais qu’importe. Il fallait le faire. Il se rapprocha de la gouttière, la saisit et continua son ascension. Il entendit plusieurs voitures qui se garaient dans la rue et de l’agitation. C’était les renforts qui arrivaient. Il ne lui restait plus beaucoup de temps.
Eva était dans le hall d’entrée d’un immeuble. Elle avait vu passer plusieurs véhicules de police. L’étau était en train de se resserrer. Elle s’en voulait de rester comme ça sans rien faire. Elle avait sa part de responsabilité là-dedans. Mais ce n’était pas le moment de penser à cela. Alors qu’elle pensait à tout cela, elle entendit la porte du hall s’ouvrir. Elle vit un policier apparaître. Celui-ci la regarda, interloqué, puis saisit sa radio et cria :
« I’ve got the French girl! » (10)
Et il se précipita vers Eva. Mais celle-ci avait été plus rapide. Elle courut vers les escaliers et se mit à les grimper quatre à quatre. Le policier derrière elle criait :
« Stop, stop ! »
Mais elle ne s’arrêta pas. Elle entendit un coup de feu et une balle siffla à son oreille. Le policier lui avait tiré dessus. Elle accéléra sa course. Elle atteignait le quatrième étage. Un écriteau indiquait « roof ». Le toit, c’était bien ce qu’elle voulait atteindre. Elle jeta un œil derrière elle : le policier perdait du terrain. Mais elle allait bientôt se retrouver piégée. Qu’importe, se dit-elle, il faut continuer. Elle continua donc son ascension. Puis elle arriva devant une porte, celle qui menait au toit. Mais elle vit avec stupeur que celle-ci était verrouillée. Et le policier derrière elle se rapprochait. Dans un élan de rage, Eva se jeta contre la porte et réussit à l’ouvrir. Elle était sur le toit. Il fallait maintenant trouver un moyen de se cacher ou de redescendre. Il n’y avait pas d’autre choix. Derrière elle, elle entendait le policier qui n’était plus loin.
L’inspecteur Gar était en train de briefer ses troupes avant de passer à l’attaque de l’appartement de Sylvie.
« So Guys. I need you to focus. There’s obviously a criminal known as Jean Rousseau in Miss Guislain’s appartment. I need four men to climb by the outside, and the others with me by the stairs. Am I being clear?
-Yes Sir, répondirent en cœur les hommes.
-Then let’s do it. » (11)
Quatre hommes se dirigèrent donc vers la cour intérieure tandis que le reste suivaient Gar dans l’immeuble.
Xavier avait atteint la terrasse du deuxième étage et tentait de pénétrer dans l’appartement. Mais tous les volets étaient fermés. Il n’y avait pas moyen de rentrer. Et Sylvie était à l’intérieur, seule avec un tueur. Il entendit des voix en bas. C’était de policiers anglais. Ils allaient escalader aussi. Il fallait faire vite. Xavier vit une barre de fer sur la terrasse, la prit et glissa l’extrémité sous le volet. Il poussa de toutes ses forces pour faire levier. Il y eut un crissement immense. Les policiers devaient l’avoir entendu. Mais peu importe, il devait y arriver. Il releva le volet assez pour se glisser à l’intérieur. Il brisa le verre et roula à l’intérieur de la pièce. Lorsqu’il se releva, il vit un revolver pointé sur lui.
« Xavier Guislain, dit Jack, c’est Noël avant l’heure pour moi. »
Eva avait inspecté tout le toit, il n’y avait aucune issue, aucun escalier de service, et les immeubles voisins étaient trop loin. Elle entendit le policier arriver sur le toit. Il pointa son revolver sur elle et s’exprima dans un mauvais français.
« Ne bouwgez pas. Mettez vos mainw en l’air tout de swit. »
Eva s’exécuta. Tout était perdu.
Elle se retourna vers le policier, passa devant lui et commença à redescendre les escaliers, les mains en l’air avec le policier derrière elle. Arrivés au deuxième étage, la porte d’un des appartements s’ouvrit. Eva agit sans réfléchir : elle donna un coup de pied dans l’arme du policier. Celui-ci la lâcha et avant qu’il ait eu le temps de réagir, Eva s’était engouffrée dans l’appartement et avait fermé la porte à clé. La propriétaire, restée sur le palier, était interloquée. Il n’y avait pas de temps à perdre, le policier arriverait facilement à forcer la porte. Eva se dirigea vers la fenêtre donnant sur la rue et vit la gouttière. Elle prit à peine le temps de réfléchir et commença à descendre le long de la gouttière. Elle entendit un craquement : le policier était maintenant à l’intérieur de l’appartement.
Les quatre policiers avaient commencé leur ascension. Ils s’étaient arrêtés au premier étage pour attendre le signal de l’inspecteur Gar. L’attaque devait être coordonnée. Tant que Gar et ses hommes n’étaient pas en place, il ne fallait pas lancer l’attaque. Ou la fille Guislain risquait de ne pas survivre.
Jack avait obligé Xavier à s’asseoir sur le divan, à côté de sa sœur. Les deux jeunes gens le regardaient d’un air assassin, alors que lui jubilait. Jack voulait savourer ce moment où il allait définitivement gagner sur son ennemi. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais fut interrompu par un craquement de la porte : les hommes de Gar étaient en train de rentrer. Jack se leva d’un bond et braqua son arme sur Xavier. Mais il fut interrompu par un cri.
« Don’t move ! » (4)
C’était un des policiers qui était arrivé par le balcon. Il braquait son arme sur Jack. Celui-ci commença à tirer sur les hommes qui étaient arrivés par la fenêtre. L’homme qui le braquait s’effondra. Xavier saisit Sylvie par la taille et l’entraîna à terre. La fusillade commençait à faire rage : les hommes de Gar, qui avaient entendu les coups de feu et vu leur collègue à terre, commençaient à tirer sur Jack. Xavier fit signe à Sylvie de le suivre et rampa vers le policier à terre. Il était mort. Xavier prit son arme et rampa vers la fenêtre. Arrivés près du rebord, Xavier fit signe à Sylvie de passer en premier. La fusillade faisait toujours rage à l’intérieur de la pièce. Jack s’était réfugié dans la cuisine et tirait sur les policiers. Les voisins étaient affolés, on entendait des cris dans tout l’immeuble. Gar criait des ordres en anglais et en français à ses hommes. Puis il vit que Xavier et Sylvie sortaient par la fenêtre.
« Arrêtez-les !!! »
Et il courut vers eux. Mais il arriva trop tard, Xavier et Sylvie avaient déjà commencé à descendre le long de la gouttière. Gar courut vers la porte de l’appartement et descendit les escaliers en courant. Peut-être pourrait-il les rattraper.
Eva avait atteint la rue et commençait à courir. Le policier qui la poursuivait n’était pas loin. Elle tourna dans Bond Street et vit Xavier et Sylvie qui arrivaient de la cour de l’immeuble de Sylvie. Eva les appela. Xavier lui fit signe de les suivre. Il se dirigeait droit vers le fourgon. On entendait toujours les coups de feu de la fusillade dans l’appartement. Xavier était proche du fourgon maintenant. Il n’y avait qu’un policier pour le garder, et celui-ci était rentré dans l’immeuble, attiré par la fusillade. Mais alors qu’il ouvrit la portière, Xavier vit un révolver braqué sur lui : c’était Gar.
« La course est finie, Rousseau.
-Je ne suis pas Rousseau. Demandez à ma sœur.
-Non c’est Xavier, c’est mon frère, inspecteur.
-Comment ? Mais… »
Il ne termina jamais sa phrase. Jack était sorti de l’appartement par la fenêtre de la cuisine. Il avait fait croire que la fusillade continuait grâce à un système de déclenchement automatique du tir sur son revolver et était arrivé dans Bond Street. Et il avait mis une balle dans la tête de l’inspecteur Gar. Il ne fallait pas qu’il y ait de fuite. Ou tout le plan tomberait à l’eau. Mais le policier qui avait poursuivi Eva arriva dans Bond Street à ce moment-là et tira sur Jack. Celui-ci tituba et tomba. La balle dans le bas du dos lui avait été fatale. C’était la fin de ce bandit. Le policier était tellement surpris par tant de sang que Xavier leva son revolver, tira sur celui du policier qui le lâcha, et le tint en joue.
« Ne bougez pas. Je ne vais pas vous faire de mal. »
Puis il s’adressa à Sylvie et Eva.
« En voiture. Sylvie, tu conduis. Eva, il doit y avoir Olivier et Quentin à l’arrière, vas-y. Je monte sur le siège passager. »
Ils embarquèrent, tout en maintenant le policier en joue. Sylvie démarra en trombe et le fourgon quitta Bond Street où la fusillade contre un ennemi imaginaire continuait dans un certain appartement…
Sylvie se tourna vers Xavier.
« Xavier, je…
-Conduis. On parlera après. »
Il était une fois en France – Annexes