Il était une fois en France – Livre 3 : au service de la nation (Aout – septembre 2006)

Chapitre 13
Calais


            Le petit bateau à moteur arriva à Calais vers 17h. Ils accostèrent sur une petite plage à l’écart du centre-ville. Ils débarquèrent tous et Sylvie partit, laissant les autres cacher l’embarcation. Elle devait aller récupérer la voiture. Pendant la traversée, Olivier s’était servi de la radio pour indiquer à la police française sur quel quai laisser la voiture. Il leur avait dit qu’un agent anglais viendrait la réceptionner. Il faudrait juste que quelqu’un fasse diversion le temps que Sylvie prenne la voiture, et ensuite Olivier confirmerait par radio que la police anglaise avait réceptionné la voiture pendant que la police française s’occupait de la diversion. C’était tordu, mais c’était le mieux que cinq cerveaux fatigués pouvaient imaginer. De plus, le temps pressait et le sel de l’eau de mer n’avait rien fait pour améliorer l’état d’Olivier. Il devenait urgent de l’emmener à Gand.

            Sylvie se dirigea donc vers le centre-ville, à la recherche de quelqu’un capable de faire une diversion. Puis elle eut une idée. Elle se dirigea vers la rue commerçante de la ville et frappa au numéro 3. Un jeune homme d’une vingtaine d’années, cheveux en bataille et barbe de trois jours, lui ouvrit.

            « Sylvie Guislain, s’exclama-t-il. Que me vaut le plaisir ?

            -J’ai besoin d’un service, dit-elle. Je peux entrer ?

            -Bien sûr. »

            Il s’écarta pour lui céder le passage et Sylvie rentra. C’était toujours autant la bazar chez Alex, mais bon, c’était ça qui l’avait séduite au début. Elle était sortie avec lui pendant 3 ans lorsqu’ils étaient au lycée, mais au bout de ce temps, le côté ‘geek’ d’Alex l’avait horripilée, donc l’histoire s’était terminée là. Et Alex était parti vivre à Calais car son père y avait été muté. Mais les deux jeunes gens étaient restés en contact. Et se rendaient mutuellement des services de temps en temps. Par exemple, Sylvie avait trouvé, grâce aux contacts de ses parents au ministère, un stage chez IBM pour Alex, ce qui avait toujours été le rêve du jeune homme. Et une autre raison qui avait poussé Sylvie à aller voir Alex était le fait qu’il ne regardait jamais les infos, donc il ne poserait pas de questions indiscrètes. Ils arrivèrent dans le salon d’Alex.

            « Bon, qu’est-ce que je peux faire pour toi ? demanda-t-il.

            -J’ai besoin que tu simules un malaise sur le quai 17. Et que tu ne dises à personne que je suis venue. Sous aucun prétexte.

            -Et j’ai le droit à une explication ?

            -Non. »

            Alex s’assit sur son canapé et réfléchit quelques secondes.

            « Bon, dit-il, je le fais. Mais à une condition. »

            Sylvie craignait le pire. Alex avait toujours des idées absurdes et parfois dangereuses. Qui sait ce qu’il allait lui demander là. Enfin elle avait besoin de lui.

            « Ce que tu veux, dit-elle.

            -Il faut que tu me promettes de venir une semaine ici l’été prochain. »

            Sylvie fut soulagée.

            « Promis, » dit-elle.

            Alex se leva, prit son manteau dans l’entrée, ils sortirent de la maison et marchèrent droit vers le port. Arrivés au quai 17, Sylvie donna ses instruction à Alex, et elle se dirigea vers le quai d’à côté. Une fois qu’elle fut cachée derrière des containers, elle attendit. Il était 17h55. Il restait trois minutes avant qu’Alex ne simule son malaise. Elle risqua un coup d’œil au quai n°16. La voiture y était, entourée de trois policiers.

            17h57. Plus qu’une minute. Sylvie pria pour que le plan marche.

            « AAAAHHHHHHH !!!! »

            Le cri avait pu être entendu de toute la ville. Sylvie se félicita intérieurement d’avoir fait appel à Alex. Il avait toujours été doué pour se faire plaindre. Elle se releva et vit les policiers qui couraient vers l’endroit d’où venait le cri. Ils avaient l’air paniqués. Sylvie se précipita et rentra dans la voiture. Les clés étaient sur le contact. Elle démarra et partit en trombe. Elle regarda sa montre : 18h00. D’ici 1 minute, Olivier appellerait la police française pour dire que des agents anglais avaient récupéré la voiture. Un jeu d’enfants…

            Elle arriva à la plage et descendit de la voiture très fière d’elle. Mais les visages qu’elle vit en face d’elle la calmèrent immédiatement.

            « Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda-elle.

            Puis elle vit Olivier, allongé par terre, la tête surélevée par Xavier.

            « Sa blessure a commencé à s’infecter, dit Quentin. Et il a de la fièvre.

            -Il faut qu’on aille vite à Gand, dit Eva.

            -On part maintenant, dit Xavier.

            -Mais il fait encore jour, dit Sylvie, et…

            -M’en fous, dit Xavier. Mon ami va mal. Et je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour le sauver. »

            Ils embarquèrent tous dans la Clio, et Xavier se mit au volant. Ils en avaient pour deux heures de route théoriquement. Mais ils n’avaient plus d’argent, donc hors de question de prendre les autoroutes. Xavier démarra rageusement et accéléra. Il fallait faire vite.

***

Jean Rousseau était assis devant la télé, à regarder les infos. Il aimait sa nouvelle vie. Ne pas être traqué et être destiné à un grand avenir le satisfaisait entièrement. Jeanne vint s’asseoir à côté de lui.

            « Rien sur la traque de Rousseau ? demanda-t-elle.

            -Toujours rien. Visiblement il a quitté l’Angleterre. Mais de toute façon, tu n’as pas à t’inquiéter, le ministre a renforcé la sécurité autour de la maison. Ne te fais aucun souci.

            -Oui mais ils ont Sylvie…

            -D’après les informations que j’ai, l’interrompit Rousseau, Sylvie les a rejoint de son plein gré. Elle nous a trahis. Toi et moi. Tous mes proches m’ont trahi. Sauf toi. C’est ça qui est précieux. »

            Jeanne ne répondit pas. Rousseau la regarda et lui sourit.

***

            En chemin, Xavier réfléchissait. Visiblement, tout cela était lié à l’affaire du Jura puisque Rousseau et Jack étaient mêlés à ça. Mais le réseau avait été démantelé. Et pour organiser une opération de cette envergure, il fallait encore une taupe aux services secrets. Or ce n’était pas possible car Françoise Bernard était démasquée et morte. Il y avait donc des personnes haut placées qui étaient impliquées. Peut-être même le ministre. Xavier soupira. Eva, qui était assise sur le siège passager, le vit et devina ce à quoi il pensait.

            « Xavier, dit-elle, je sais qu’on n’a aucune piste, mais ne t’inquiète pas. On trouvera qui manigance tout ça. Et on l’arrêtera. On le punira.

            -Oui mais ça remet tout en cause, dit Xavier, parce que ça a un rapport avec l’affaire du Jura, mais on n’a rien vu venir.

            -Parce qu’on a sûrement affaire à des gens qui planifient ça depuis des années, dit Eva. Ils ont prévu toutes les possibilités. Et ils ont manipulé toutes les personnes dans cette voiture. Et notre sœur. Et les services secrets.

            -Mais dans quel but ? demanda Quentin. C’est débile d’assassiner le président.

            -Non, répondit Xavier. La sécurité sera immense pendant cette cérémonie. S’ils mettent assez d’hommes à eux dans la place, ils peuvent arriver à maîtriser tout ce qui est important. Dont l’arme nucléaire. Et à ce moment-là, le coup sera total.

            -Incroyable, murmura Quentin.

            -Ouais, répondit Xavier. On a du mal à croire qu’il existe des gens aussi tordus sur Terre, hein ?

            -Mais pourquoi en se servant de toi ? demanda Sylvie.

            -J’espère bien trouver la réponse à cette question un jour, » répondit Xavier.

            Ils arrivaient près de la frontière. Il n’y avait aucun douanier à cette heure tardive. Ils passèrent sans problème. Il leur restait encore un peu de route jusqu’à Gand.




Il était une fois en France – Annexes


Revenir à la liste des livres