Chapitre 22
Dernières paroles
Le lendemain, il ne sortit pas de sa chambre. La culpabilité le rongeait. S’il n’avait pas entraîné son ami là-dedans, il ne serait pas mort. Le téléphone sonna. Sylvie alla décrocher. Puis Xavier l’entendit monter les escaliers. Elle frappa et entra dans sa chambre.
« C’était Valérie, dit-elle. Le ministre veut vous voir tous les deux. »
Xavier hocha la tête, puis se changea. Il prit le métro jusqu’à Paris et alla au ministère. Il frappa au bureau du ministre. Valérie y était déjà. Elle déposa un baiser sur la joue de Xavier et le ministre lui donna une poignée de main chaleureuse.
« J’ai quelque chose à vous dire, dit le ministre. Félicitations. Pi et Jean Rousseau ont tout avoué et nous avons tout démantelé. Toutefois, le Président a été très choqué de tout cela, donc une enquête interne aux services va être menée. Mr Guislain, voulez-vous être réintégré ?
-Non monsieur le ministre, répondit Xavier. Tout cela est trop dur. La perte d’un ami, c’est déjà trop.
-La France aurait besoin de vous.
-Non. Surtout pas. Je ne veux pas devenir un nouveau Pi. Etre aigri par la perte d’un être cher et faire une bêtise. Surtout pas.
-Si c’est votre décision… »
Le ministre se leva et leur donna leur congé. Valérie et Xavier marchèrent vers la sortie. Juste avant d’arriver à la porte, Valérie sortit une enveloppe de sa poche. Il y avait marqué « pour Xavier » dessus. Elle la tendit à Xavier.
« Tiens, dit-elle. Je crois que c’est Quentin. Il a laissé ça chez moi. »
Xavier prit l’enveloppe en tremblant. Il l’ouvrit et y trouva une lettre de son ami.
« Cher Xavier,
Si tu lis cette lettre, c’est que tout ne s’est pas bien passé pendant la remise de la Légion. Et donc elle prend toute son importance. Je sais que j’ai passé notre escapade à râler que c’était de ta faute et tout. Mais ce n’est pas vrai. Je sais que tu as toujours fait ce qui te semblait être juste. Je t’aurais suivi au bout du monde pour la cause que tu combats. Tu es un patriote et un homme bien. Et si je meurs pendant cette remise de Légion, je veux que tu saches que ce n’est pas de ta faute. Ne culpabilise pas.
Je t’écris cela parce que j’ai un affreux pressentiment pour demain. Tant de choses peuvent tourner mal que je préfère prendre cette précaution. J’espère de tout mon cœur qu’elle sera inutile. Sinon je mourrai heureux de m’être sacrifié pour mes amis. Et pour la femme que j’aime. Oui, j’aime Valérie. Dis-le-lui s’il te plaît. Mais dis lui aussi de ne pas s’attrister de ma mort. Je sais qu’elle avait des sentiments pour moi aussi. Mais elle doit continuer à vivre. Elle mérite une belle vie. Une grande vie.
Bonne chance dans la vie pour toi et Eva, et aussi pour Olivier et ta sœur.
Ton ami de toujours,
Quentin. »
Xavier relut la lettre plusieurs fois, puis la montra à Valérie. Celle-ci pleura silencieusement et ils sortirent du ministère.
L’enterrement eut lieu le samedi suivant. Il pleuvait. Il faisait froid. La terre entière semblait triste. Eva, Olivier, Sylvie, Valérie et Xavier y allèrent. Le Président y fut aussi présent, ainsi que le Premier Ministre et le ministre de l’intérieur. Tous vinrent présenter leurs condoléances aux parents de Quentin et les féliciter pour le courage de leur fils. Les parents les acceptèrent en hochant la tête. Et à 11h45, le corps de Quentin Riaz était sous terre.
Il était une fois en France – Annexes