Chapitre 14
Gand
Xavier gara la Clio sur le parking de l’hôpital de Gand. Avec un peu de chance, les informations nationales n’auraient pas mentionné leur fuite. Il fallait de toute façon prendre le risque. Il était 23h et seules les urgence étaient ouvertes, et désertes. Xavier fit signe à Sylvie de rentrer avec Olivier. Celle-ci sortit de la voiture et emmena Olivier avec elle. Elle entra dans le bâtiment des urgences et fut reçue par une infirmière d’une trentaine d’années, au physique sportif et au regard intelligent. Elle ne tilta pas en voyant Sylvie. Celle-ci en fut soulagée : les infos n’avaient pas parlé d’eux. L’infirmière eut un regard affolé en voyant le mollet d’Olivier. Elle interrogea Sylvie.
« Mais qu’est-ce qui s’est passé mademoiselle ?
-Bah… On se promenait en forêt et des chasseurs ne nous ont pas vus. On est pas venus ici tout de suite parce qu’on croyait que c’était pas grave. Mais ça a commencé à s’infecter. Donc on est venus. »
Olivier se dit que Sylvie était vraiment convaincante. Même lui aurait pu y croire. Elle disait cela avec une telle innocence et une telle franchise qu’on ne pouvait douter de sa bonne foi. L’infirmière la crut.
« Je vais nettoyer la plaie, » dit-elle.
Elle allongea Olivier sur un lit mobile et commença à l’emmener. Mais Sylvie l’interrompit.
« Je peux venir avec ? demanda-t-elle.
-Bien sûr, c’est votre…
-Mon petit ami. »
Elle lança un clin d’œil à Olivier qui sourit. L’infirmière l’autorisa à les suivre et les emmena vers son cabinet. Son bureau était un modèle de rangement. Tout y avait sa place et chaque place était répertoriée. Olivier était entre de bonnes mains. L’infirmière prit une bouteille d’alcool et en versa sur du coton. Elle l’appliqua à la blessure d’Olivier. Celui-ci grogna un peu sous le coup de la douleur. Mais l’infirmière s’y prit bien et ce fut court. Elle lui fit ensuite un bandage.
« Vous êtes prêt à repartir, dit-elle.
-Merci mademoiselle. On vous doit combien ? demanda Sylvie.
-50€.
-Bien, je vais vous régler par carte. »
Elles retournèrent vers l’entrée, accompagnées par Olivier, qui commençait à pouvoir marcher tout seul. Sylvie paya avec sa carte et sortit avec Olivier. Les autres les attendaient dans la voiture.
Le caporal Emerson était tout dévoué aux services secrets. En cette période de crise et de traque, il prenait toute une partie de sa nuit pour aider à trouver Rousseau. La sécurité nationale était en jeu. Et il fallait y mettre du sien. Toutefois, à partir de minuit, des accès de somnolence le prenaient. Cela faisait une semaine qu’il était à ce rythme là, et il commençait à fatiguer. Il commençait à piquer du nez lorsqu’une sonnerie le réveilla. Son ordinateur recevait un signal. Il regarda l’écran et n’en crut pas ses yeux. Il prit sa veste et sortit de son bureau en courant. Il courut vers le bureau du ministre. Avec un peu de chance, celui-ci ne serait pas encore parti. Il était là. Emerson demanda à mademoiselle Argentcentime de l’annoncer. Et de dire que c’était urgent. Le ministre le reçut dans l’instant.
« Qu’y a-t-il ? demanda le ministre.
-Ils sont en Belgique.
-Comment le savez-vous ?
-Ils ont utilisé la carte de la fille Guislain pour payer un hôpital à Gand. »
Le ministre afficha un sourire satisfait.
« Mettez la police belge sur le coup. Dites-leur de bloquer toutes les frontières avec la France. Et dites-leur qu’ils on carte blanche pour arrêter Rousseau et sa bande. »
« MAIS T’ES COMPLETEMENT DINGUE D’AVOIR UTILISE TA CARTE BLEUE, criait Xavier. CA VA PLUS ! TU VEUX QU’ON SE FASSE CHOPER OU QUOI ?
-Roule au lieu de m’engueuler, dit Sylvie. Il faut qu’on sorte d’ici. Je pense pas qu’on puisse retourner en France direct. Je pense qu’il faut qu’on passe par l’Allemagne.
-Tu penses que je vais écouter tes conseils après ce que tu as fait ?
-Ecoute Xav’, tu ne m’avais donné aucune instruction pour régler. Et on n’a plus d’argent liquide. Donc j’ai fait au mieux.
-Ouais, c’est ça, et …
-VOS GUEULES !! »
C’était Olivier.
« On va en Allemagne, dit-il. Puis on passera par l’Alsace. Il fallait que je sois soigné. Sylvie a fait ce qu’il fallait faire. Merci.
-Oui, Xav’, dit Eva. Tu t’es emporté pour rien là.
-Oui mais j’ai faim. Vous vous rendez compte que ça fait depuis Londres qu’on n’a pas mangé ? Je meurs de faim moi. Et je suis crevé. Il est 2h du matin.
-Courage Xav’, dit Quentin. Il faut qu’on sorte de Belgique. Et après vu qu’on n’est pas recherchés en Allemagne, on demandera l’asile à une famille qui nous donnera à manger.
-D’accord, dit Xavier. Mais je vous préviens qu’on va tomber en panne d’essence avant d’arriver à la frontière.
-Pas si sûr, dit Sylvie. Vu la connerie que j’ai faite, j’en ai profité pour retirer de l’argent. On s’arrête à la prochaine station-service, la plus paumée qu’on trouvera. Et après on roule de nuit. Parce qu’à l’heure qu’il est, toute la police belge doit être à nos trousses. Et à la station, on trouvera de quoi manger.
-On fait ça, » dit Quentin.
Xavier accéléra. La situation se dégradait au fur et à mesure qu’ils avançaient. Il était vendredi matin. La date fatidique approchait.
Ils trouvèrent une station-service une heure plus tard. C’était une petite station, perdue en pleine campagne. La propriétaire n’allait sûrement pas avoir entendu parler d’eux. Pas 3h du matin un vendredi en tout cas. Sylvie avait retiré 500€. Xavier en eut pour 100€ de plein et acheta pour 50€ un bidon d’essence rempli. Ils achetèrent ensuite de la nourriture à la boutique. Ils en eurent pour 200€ en tout. Il leur en restait assez pour revenir en France. Ils remercièrent le vieil homme qui gérait la station et repartirent. Sylvie prit le volant car Xavier était fatigué. Ils voulaient atteindre la frontière de nuit. Ils la franchirent vers 6h du matin. Il n’y avait aucun douanier donc ils ne furent pas embêtés. Ils étaient en Allemagne. Dans un pays où ils n’étaient pas recherchés.
Il était une fois en France – Annexes