Il était une fois en France – Livre 3 : au service de la nation (Aout – septembre 2006)

Chapitre 6
Sur le ferry


Le ferry était parti depuis deux heures maintenant. Xavier et Eva dormaient sur le sol du parking, enveloppés dans leurs sacs de couchage, pendant que Quentin et Olivier montaient la garde, vérifiant que personne ne descendait. De temps en temps, ils lançaient un coup d’œil au seul hublot du parking, qui était au ras de l’eau. Quentin sentait la fatigue le gagner. Il se demandait à quoi bon fuir. Olivier faisait les cents pas pour se maintenir éveillé. Puis un bruit éloigné attira son attention. Cela ne venait pas du bateau. Il regarda par le hublot et vit une vedette de la police maritime arriver vers le ferry.

Il fut pris de panique. Il se précipita vers Xavier et Eva et les secoua.

« Keskicékisepasse ? fit Xavier.

-Les flics, dit Olivier.

-Comment ? dit Eva.

-Une vedette qui arrive. Je ne pense pas qu’ils viennent pour un mec qui a fait un excès de vitesse. Ils ont grillé l’histoire du gamin. Faut pas qu’on reste ici. »

Xavier et Eva replièrent leurs sacs en vitesse pendant qu’Olivier et Quentin effaçaient toute trace de leur passage. Une fois qu’ils eurent fini, tous les regards se tournèrent vers Xavier. Mais celui-ci ne savait pas quoi faire.

« Ecoutez, dit Xavier, on va attendre qu’ils montent sur le bateau, et on verra ce qu’ils font. Il ne faut surtout pas que des gens nous voient. Rappelez-vous : personne ne nous a vus embarquer ici. Donc personne ne sait où on est sur ce bateau. On a donc un avantage. Il nous faut juste trouver une issue pour sortir. Il doit y avoir un plan du ferry dans le parking. On le trouve et on avise. »

Ils le trouvèrent au bout de quelques minutes de recherche.

« Regardez, dit Xavier. Au-dessus de nous, il y a des toilettes avec une grande fenêtre. Je propose qu’on aille se réfugier là une fois que la police sera arrivée. »

Et cela ne tarda pas. Peu après, une annonce fut faite au haut-parleur.

« Ladies and Gentlemen, the police has just arrived on board. They are looking for four dangerous criminals who they think are on board. So if you could all come to deck one, so that the police can search the boat. We apologize for this delay and for the disturbance. Thanks to you all.

« Mesdames et messieurs, la police vient d’arriver à bord de notre embarcation. Ils sont à la recherche de quatre dangereux malfaiteurs qu’ils pensent être à bord. Donc regroupez vous tous au pont numéro 1 pour que la police puisse chercher le bateau. Nous nous excusons pour le retard et la gêne occasionnés. Merci à tous. »

Une fois l’annonce finie, les quatre jeunes se regardèrent.

« C’est parfait, dit Xavier. On monte aux toilettes sur le pont supérieur. Il n’y aura quasiment plus personne. De là, on essaye de sortir et on embarque sur la vedette.

-Quoi ? dit Quentin. Mais t’es complètement fou !

-T’as une autre solution ? demanda Xavier.

-Putain mais c’est pas à moi d’en trouver des solutions, dit Quentin. C’est toi qui nous as mis dans cette merde, c’est à toi de nous en sortir. Moi j’en ai marre, j’ai pas dormi depuis trois jours quasiment, j’ai mal aux jambes, au dos et je suis crevé. Et toi, tu voudrais que je fasse du rodéo maritime ?

-On n’a pas le choix, dit Xavier.

-T’avais le choix de pas nous demander de t’accompagner dans le Jura. »

Alors c’était ça, se dit Xavier. Ils me tiennent responsables de tout cela. Eh bien qu’ils se démerdent tout seuls. Il s’apprêtait à lancer une réplique cinglante, mais Eva le vit et intervint pour calmer la situation.

« Arrêtez. C’est peut-être pas la meilleure option, mais on n’a pas le choix. Mais ne te trompe pas d’ennemi, Quentin. C’est pas Xavier qui t’a mis dans cette situation. C’est ni moi ni mon père d’ailleurs. C’est quelqu’un de plus haut placé. Quelqu’un qui manigance quelque chose qui nous échappe. Et qui rigolerait bien s’il vous voyait vous disputer comme ça. Alors Quentin, si tu veux rester, reste. Mais sache que Jack pourra t’atteindre en prison. Il y a une taupe aux Services. Plus profondément ancrée que Bernard. Mais on va la trouver. On va les dézinguer. Mais on a besoin de tout le monde.

-Ok, bougonna Quentin.

-On y va alors, » dit Xavier.

Ils se dirigèrent vers les escaliers. Xavier vérifia qu’il n’y avait personne, puis il fit signe aux autres de le suivre. Ils arrivèrent à l’étage supérieur. Ils avancèrent précautionneusement dans le couloir, mais apparemment, tous les passagers étaient au pont numéro 1. Ils trouvèrent les toilettes qu’ils recherchaient. Il y avait une grande fenêtre qui donnait juste au-dessus de la vedette de police. Ils auraient une petite chute à faire. Heureusement, l’embarcation était déserte. Ils n’auraient personne à neutraliser.

Xavier fracassa la fenêtre et sauta le premier. Eva le suivit, puis vinrent Quentin et Olivier. Personne ne s’était aperçu de rien. Mais ils avaient mal calculé : il y avait quelqu’un à bord. Un policier en uniforme les tenait en joue. Il avait attendu, planqué dans la cabine de la vedette.

« Ne bougez plus, dit-il. Ne respirez plus.

-Putain Xavier ! fit Quentin. Tu fais vraiment chier !

-Ta gueule Quentin, répondit Xavier, si tu n’étais pas d’accord, fallait rester en France.

-Eh bien puisque je suis là, je vais te casser la figure. »

Et il lui sauta dessus et le plaqua à terre. Ils roulèrent à terre et Quentin en profita pour murmurer à Xavier : « Je prend le côté droit, tu prends le gauche. »

Ils roulèrent en direction du policier, faisant mine de se battre, puis une fois assez près, ils se relevèrent brusquement, Xavier fit sauter le revolver d’un coup de pied tandis que Quentin envoyait au policier un direct du droit. L’homme, qui n’avait rien vu venir, tomba à terre, inanimé.

« Eva, ligote le, dit Xavier. Olivier, on appareille. Quentin, prend son arme et menace le. On fait semblant de le prendre en otage si d’autres arrivent. »

Ses amis s’exécutèrent et ils partirent. Ils entendirent au loin les cris de rage des policiers restés à bord. Ils voyaient la côte anglaise. Ils y seraient en deux heures.

***

Une demi-heure après leur départ du bateau, le policier se réveilla. Xavier alla lui parler.

« Désolé d’avoir dû vous faire subir cela, monsieur, mais je ne suis pas Jean Rousseau. Celui qui est chez moi en ce moment et se fait passer pour moi, c’est Jean Rousseau.

-Evidemment, répondit le policier. Et vous pensez que je vais vous croire.

-Je le prouverai à la France entière, monsieur. Mais en tout cas, sachez qu’on ne vous veut aucun mal. Je veux juste prouver mon innocence. Le grand danger pour la France vient de mon sosie qui est chez moi en ce moment.

-Si vous me laissez vivre juste pour que je soutienne votre histoire, ne comptez pas sur moi. Mes chefs m’ont bien prévenu que vous tenteriez ce genre de persuasion. Vous êtes tombé sur le mauvais cheval.

-Souvenez-vous juste de ce que je viens de vous dire, dit Xavier. Je ne suis pas un criminel. Dès que nous serons arrivés en Angleterre, nous abandonnerons la vedette dans une baie et nous vous laisserons les mains déliées, enfermé dans votre cabine. Vous n’aurez aucun mal à défoncer la porte, mais ça nous laissera assez d’avance avant que vous ne préveniez vos collègues. En attendant, si vous promettez d’être silencieux, je ne vous bâillonne pas.

-D’accord, murmura le policier.

-Je suis innocent, dit Xavier, et je m’appelle Xavier Guislain. Je vous le prouverai. »




Il était une fois en France – Annexes


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