Il était une fois en France – Livre 3 : au service de la nation (Aout – septembre 2006)

Chapitre 12
Douvres


            Ils arrivèrent à Douvres le jeudi au petit matin. Ils avaient fait beaucoup de haltes dans la nuit car la fatigue commençait à tous les gagner. Visiblement, la police française avait gobé la fausse information qu’Olivier leur avait donnée. La Clio serait au port de Calais le soir même vers 18h. Ils avaient donc 10 heures pour trouver moyen de traverser la manche sans se faire repérer. Il était impossible de prendre un ferry.

            Sylvie se gara un peu à l’écart de la ville, sur un terrain vague, et ils se mirent à fouiller la voiture. Il y avait quelques armes, de l’argent (1000£) et des outils pour changer des roues. Ils prirent l’argent et les armes bien évidemment.

            « Il faut qu’on achète un bateau, dit Olivier.

            -Ouais, dit Quentin ironiquement, on peut acheter un magnifique yacht avec tous ces sous.

            -T’as un problème ? dit Olivier.

            -Ouais, j’aime pas que tu joues au chef, et…

            -Eh eh les gars, dit Xavier, taisez-vous. On a des problèmes plus importants à régler. On aura tout le temps de se friter quand on sera en mer.

            -Oh toi arrête de jouer au petit chef aussi, dit Quentin. Oublie pas que…

            -TA GUEULE ON A DIT !!!! »

            C’était Eva qui avait parlé. Ou crié plus exactement. Elle était rouge de colère. Elle profita de l’étonnement et donc du silence que son intervention avait provoqué pour continuer son discours.

            « Vous vous rendez pas compte que des gens essayent de nous tuer depuis quelques jours, et qu’ils vont essayer de tuer le président aussi ? C’est pas de la faute de Xavier ça !

            -C’est vrai, la soutint Sylvie. On va pas arriver à les en empêcher si on fait que se friter. Ils n’attendent que ça en plus.

            -Ouais, mais on fait ça démocratiquement alors, dit Quentin.

            -Que dalle, dit Sylvie, c’est Xavier qui a la plus grande expérience des services secrets et qui a eu la meilleure vision d’ensemble de vos deux dernières aventures. Il en connaît plus que nous tous. C’est le mieux placé pour prendre des décisions. Mais nous, on doit aussi faire des suggestions. Moi je suis d’accord avec celle d’Olivier qui veut acheter une embarcation. T’en penses quoi Xav’ ? »

            Xavier avait écouté pensivement toute la dispute. Il n’aimait pas cette responsabilité qu’on lui faisait porter. Mais le discours de sa sœur l’avait convaincu. Il avait déjà réfléchi à la proposition d’Olivier. Cela semblait la meilleure solution.

            « On le fait, dit Xavier. Sylvie, tu te charges d’aller acheter un bateau. Nous, on t’attend à la plage, où tu passeras nous chercher.

            -Pas de problème, » dit Sylvie.

            Et elle s’éloigna. Xavier avait une entière confiance en elle. Son accent anglais s’était visiblement beaucoup amélioré. Et elle était tellement amoureuse de la vie qu’elle ne laisserait jamais tomber. Ils commencèrent à se diriger vers la plage. En chemin, Xavier repensa à la Bretagne. Il repensa que quelques jours avant, il était au calme, allongé sur le plage en plein soleil, en bons termes avec ses amis et prêt à recevoir une médaille. Et là c’était justement cette remise de médaille qu’il voulait empêcher. Et sa meilleure chance de réussite reposerait sur une jeune secrétaire inexpérimentée qu’il connaissait à peine : Valérie Argentcentime. Une sonnerie de téléphone sortit Xavier de sa rêverie. C’était celui des assassins. Xavier décrocha. Une voix déformée par un système électronique parla :

            « Ils sont morts ?

            -Vos hommes, oui, répondit Xavier.

            -Monsieur Guislain, fit la voix, nous nous parlons enfin. Où êtes-vous ?

            -En Alaska du sud enfoiré.

            -Pas besoin d’être si grossier monsieur Guislain. Cela s’ajouterait à votre plus grand défaut qui est la témérité. Quelle idée de décrocher un téléphone portable, par l’intermédiaire duquel on peut vous localiser sur toute la surface de la planète !

            -Pas avec celui-là. Votre homme a mis un dispositif qui empêche toute traçabilité.

            -Vous êtes bon, fit la voix. Je comptais vous faire paniquer un peu. Mais vous êtes plus fort que ce que j’imaginais. Toutefois, je vais vous donner un conseil : disparaissez. N’essayez pas d’interrompre ce qui est en cours. Tout ceci vous dépasse. Et si vous découvrez la vérité un jour, elle pourrait vous détruire.

            -Ah oui, je sens que je vais respecter les conseils de mon plus fervent protecteur, dit Xavier. C’est vrai que ces derniers jours, vous avec toujours tenté de me protéger. Merci d’ailleurs. »

            Ils arrivèrent sur la plage. Quentin, Olivier et Eva essayaient d’entendre la conversation tout en regardant vers la mer si Sylvie n’arrivait pas.

            « Monsieur Guislain, fit calmement la voix, je vous en conjure, disparaissez. C’est votre seule chance.

            -Non. J’en ai une autre. C’est de venir te botter les fesses. »

            Et il raccrocha. Les autres le regardèrent, ébahis.

            « Mais t’es dingue, dit Olivier, il va savoir qu’on revient en France.

            -Il le sait déjà, dit Xavier. Mais je veux qu’il pense que je suis prêt à craquer et que je vais faire une bêtise. Donc qu’il prenne confiance en son plan. Mais tout en ayant peur pour sa vie en voyant ma détermination. Je fais d’une pierre deux coups. »

            Les autres avaient l’air incrédules, mais peu importe : il était certain d’avoir pris la bonne décision. Il voulut ajouter quelque chose, mais fut interrompu par l’arrivée de Sylvie avec un petit bateau à moteur. Elle arriva sur la plage et en descendit.

            « Je l’ai acheté à l’école de voile. J’en ai eu pour 700£ pour l’embarcation et 300£ d’essence. On devrait faire la traversée en 3 heures. Allez on y va. »

            Ils embarquèrent et prirent le large, s’orientant avec le soleil et espérant que le moteur tiendrait la traversée.

***

Le début de la traversée s’était fait en silence. Olivier tenait la poignée du moteur et Xavier dressait le bilan de l’opération. Ils allaient arriver à Calais le jeudi soir. Il leur resterait quelques jours pour aller jusqu’à Paris et pour empêcher Rousseau de nuire. Mais Olivier était blessé. Et sa blessure allait commencer à s’infecter. Il pouvait encore marcher, mais cela lui faisait mal. Il fallait l’emmener à l’hôpital. Et ils ne pouvaient pas y aller en France.

            « On passera en Belgique, dit Xavier.

            -Comment ? fit Eva. Tu crois qu’on a le temps de faire du tourisme ?

            -Non, dit Xavier, mais Olivier est blessé. Il faut qu’on l’emmène à l’hôpital. Sinon sa blessure va pourrir. On peut pas rester sans rien faire pour lui.

            -Xav’, dit Olivier, ça va aller, tu sais…

            -Non, dit Xavier, j’ai déjà vu des blessures pourrir. Et je te promets que tu ne veux pas perdre ta jambe. On perdra une journée seulement. La balle n’a qu’éraflé le mollet, il faut juste nettoyer la plaie et faire un bandage digne de ce nom. On va en Belgique.

            -Mais Xavier, dit Quentin, on pourrait…

            -Ceux qui ne sont pas d’accord pousseront le fauteuil roulant d’Olivier dans trois semaines, » dit Xavier.

            Un long silence tomba sur l’embarcation. Xavier en avait marre d’être contredit sans cesse quand il essayait de protéger ses amis. Eva rompit le silence.

            « Je connais un bon hôpital à Gand, dit-elle.

            -Banco, » dit Xavier.

***

            Des cris retentissaient depuis une heure déjà dans le bureau du ministre. Pi en prenait pour son grade.

            « Comment ? disait le ministre. Vous avez réveillé des agents dormants pour arrêter ces jeunes ?

            -Oui, tous ceux d’Angleterre, répondit calmement Pi.

            -Mais vous êtes complètement dingue ! Ces agents dormants sont faits pour n’être utilisés que dans le cas où la sécurité nationale est en danger !

            -Mais c’est le cas monsieur le ministre, dit Pi toujours calme, visiblement Rousseau est en train de revenir en France. Je pense qu’il a une idée en tête. Et tant que nous ne savons pas ce que c’est, nous devons nous attendre au pire. De plus, il est responsable du meurtre d’un inspecteur de la police française, monsieur Gar. Et de celui du criminel en fuite, le dénommé Jack. C’est un personnage trop dangereux pour qu’on le laisse en paix monsieur. »

            Le ministre secoua la tête et s’assit à son bureau.

            « Et on fait quoi maintenant ? demanda-t-il.

            -On renforce la sécurité, dit Pi. Il va revenir à Paris. Je vous l’assure. Sinon pourquoi aurait-il capturé la sœur de Guislain ?

            -Je n’y crois pas, dit le ministre. Et le vrai Guislain, comment va-t-il ?

            -Bien. Son autre sœur veille sur lui. Il ne risque rien. Ne vous inquiétez pas.

            -Veut-il quand même recevoir sa médaille ?

            -Plus que jamais. Il refuse de se laisser impressionner. Il refuse toute tentative d’intimidation. Il est courageux, vous savez.

            -Bon, il faudra renforcer la sécurité autour de l’Elysée pour cette remise de médaille. Seuls les membres de sa famille seront autorisés à rentrer.

            -Ses parents ne seront pas là, vous le savez ?

            -Oui. Injoignables, je le sais. Mais ce n’est pas grave. Nous avons d’autres problèmes plus importants à gérer que les affaires de famille de Guislain. Occupez-vous de la sécurité de cette cérémonie. C’est votre mission. »

            Le ministre se leva et alla ouvrir la porte pour Pi.

            « Je ne vous retiens pas plus longtemps, dit-il. Vous avez beaucoup à faire. Faites ce que vous voulez pour arrêter Rousseau et ses complices. Vous avez carte blanche. Mais je veux que la cérémonie se déroule pour le mieux. »

            Pi serra la main du ministre et sortit. Il avait exploité cette situation au mieux. Il allait pouvoir mettre des hommes à lui pour la sécurité renforcée et faciliter la prise de pouvoir. Cette nouvelle situation était des plus prometteuses… En essayant de les arrêter, Guislain ne faisait que leur faciliter la situation. Pi décrocha son téléphone et appela son employeur. Celui-ci serait des plus satisfaits.




Il était une fois en France – Annexes


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