Il était une fois en France – Livre 3 : au service de la nation (Aout – septembre 2006)

Chapitre 3
Difficultés


Xavier se réveilla vers 10h le lendemain matin. Eva était déjà partie chercher le pain pour le petit déjeuner. Il s’étira dans son matelas et se leva. En sortant de la tente, il vit que le temps était magnifique. Il se dirigea vers les douches du camping et, en chemin, jeta un coup d’œil au parking pour vérifier que la Clio n’avait pas bougé. Elle était bien sage, garée là où il l’avait laissée. Xavier rentra dans les douches et tomba sur Quentin qui en sortait.

            « Déjà levé ? demanda Quentin ironiquement.

            -Eh oui amigo. Et je vais me laver.

            -Il n’y a que les gens sales qui se lavent.

            -Je sais, répondit Xavier avec un sourire en coin.

            -Au fait, ta sœur a essayé de me joindre aussi cette nuit. Mais j’ai vu ça que ce matin.

            -Ouais, elle m’avait appelé hier soir mais je l’ai vu juste avant de me coucher. C’est peut-être important.

            -Peut-être, mais pas plus urgent que ta douche, » fit Quentin en riant.

            Et il laissa Xavier dans la salle de bain.

            Xavier y resta une bonne heure, à se doucher, se parfumer, se brosser les dents, se raser,… En sortant de la douche, il soupira d’agacement en pensant qu’il devait rappeler Sylvie. Bah, pensa-t-il, une fois que ça sera fait, ça sera plus à faire. Il retourna à sa tente et y prit son téléphone. Il composa le numéro de portable de Sylvie. Elle répondit presque instantanément.

            « Ah Xavier, enfin !!

            -T’as essayé de m’appeler, Sylvie ?

            -Oui, c’était pour savoir comment ça allait. »

            Elle avait l’air excessivement stressée. Xavier savait qu’elle n’était jamais rassurée quand il partait seul en voyage.

            « Mais ça va super, t’inquiète pas ! Le voyage se passe super bien. On est près de Concarneau là et…

            -Ah je suis rassurée. Bon, si vous en avez marre du temps breton, venez me voir à Londres, ok ?

            -D’accord.

            -Bon, j’ai du travail. Je te laisse. Bisou bisou. »

            Et elle raccrocha. C’était tout Sylvie ça.

            Eva revint des courses et prit Xavier à part.

            « Xavier. Je crois qu’il y a un problème, dit-elle.

            -Quoi, on n’a plus d’argent ?

            -Non. Hors sujet. Jean Rousseau s’est évadé.

            -Ah. Et c’est pas toi cette fois ?

            -Non seulement ce n’est pas moi, mais il y a plus grave… »

            Elle hésitait à parler. Cela devait être vraiment grave. Finalement elle se décida.

            « Tu es recherché par la police.

            -Comment ?

            -Ecoute, je ne sais pas comment ça a pu se passer, mais j’ai vu quand j’étais à la boulangerie un reportage à la télé où ils t’interviewaient.

            -Mais je suis là.

            -C’est là le bug. Je crois que… Jean Rousseau a encore pris ta place. Et comme il a été reconnu par ta sœur Jeanne comme étant toi, la police le garde à l’abri et ils recherchent celui qu’ils croient être lui. C’est-à-dire toi. Bon d’accord c’est un peu compliqué.

            -Tu veux dire que tout le monde a gobé son histoire ?

            -Oui. Tout le monde croit que c’est toi le méchant. Mais il y a encore plus. »

            Xavier se laissa tomber sur le sol. Il s’assit en tailleur et mit sa tête dans ses mains.

            « Je ne sais pas si je peux supporter encore une mauvaise nouvelle de plus, dit-il.

            -Quentin, Olivier et moi sommes aussi recherchés.

            -Comment ?

            -Comme complices de Jean Rousseau. Mon passé ne plaide pas en ma faveur et pour les autres, je sais pas comment c’est possible, mais Rousseau a trouvé moyen de les incriminer. En tout cas, on est des fugitifs en cavale avec toute la police française à nos trousses.

            -Mais c’est impossible. Tous ses complices sont sous les verrous. Le réseau est démantelé ! Et ils sont sous bonne garde.

            -Bah il a trouvé un moyen. Il faut juste savoir pourquoi il a fait tout ça. En tout cas, il faut qu’on trouve un moyen de prouver notre innocence. Et vite. Et il faut qu’on quitte le pays. »

            Xavier voulait se réveiller de ce cauchemar. Quentin et Olivier allaient mal prendre cela. Et il faudrait encore courir. Avec cette fois-ci la prison à vie si ils échouaient.

            « Eva… Va leur annoncer ça. J’ai pas le courage. »

            Et il se mit à pleurer.

***

Ils avaient repris la route et se dirigeaient vers Douvres d’où ils prendraient le ferry pour l’Angleterre pour aller retrouver Sylvie. Il était impossible de contacter Jeanne car sa ligne devait être sur écoute et elle-même sous constante surveillance. Les quatre passagers du véhicule étaient silencieux et pensifs.

            Quentin et Olivier avaient pris la nouvelle avec une certaine résignation. Ils ne blâmaient pas Xavier pour cela. Il n’aurait jamais pu imaginer que cela dégénèrerait de la sorte. Ils avaient décidé de se joindre à la fuite de Xavier et Eva plutôt que d’attendre cachés quelque part.

            Alors que Xavier conduisait, son cerveau fonctionnait à toute vitesse. Comment Jean Rousseau avait-il pu s’évader ? Comment avait-il pris sa place ? Qu’est-ce qu’il comptait faire ? Comment avait-il fait pour se faire reconnaître de Jeanne ? Pourquoi tant de haine ? Toutes ces questions se bousculaient dans sa tête sans jamais trouver de réponse. Surtout la dernière.

            Eva alluma la radio.

            « …notre flash spécial sur les jeunes fugitifs Jean Rousseau, Eva Dugas, Quentin Riaz et Olivier Durand. La police a retrouvé leur trace dans un camping près de Concarneau qu’ils auraient quitté ce matin même. Les quatre jeunes gens voyagent dans une Renault Clio verte immatriculée dans le 92. La police lance un appel à témoin pour retracer l’itinéraire de ce véhicule et de ses passagers. Nous allons maintenant vous rappeler les circonstances de cette affaire. Il y a deux jours, le dangereux criminel Jean Rousseau s’est évadé de la prison de Fresnes, aidé par la fille de son ancien patron, Eva Dugas. Deux ex-amis de Xavier Guislain, celui qui avait mis Rousseau sous les verrous, ont aidé mademoiselle Dugas dans son entreprise. Ces quatre personnes sont donc activement recherchées par la police.

            « Et maintenant une page football. La Juventus de Turin a battu… »

            Eva éteignit la radio. Le silence s’installa dans la voiture.

            « Il faut qu’on abandonne la voiture, fit Xavier.

            -Attend qu’on soit en Normandie, dit Eva. Passe par les routes de campagne en attendant. Et ne te fais pas choper pour excès de vitesse en attendant. »

***

Ils décidèrent d’abandonner la voiture au Mont Saint Michel, qui est en Normandie comme chacun sait. Ils y arrivèrent vers 19h le soir. Ils avaient pris les petites routes et avaient évité les endroits populeux. Mais le risque était grand. Xavier gara la Clio sur le parking du Mont Saint Michel, ils prirent toutes leurs affaires dedans sans la deuxième tente et abandonnèrent la voiture en laissant leurs téléphones portables dans le coffre. Xavier ne voulait pas qu’on les retrouve grâce au signal caractéristique de chaque téléphone. C’était nécessaire. Xavier regarda plusieurs fois en arrière, pensant à ses parents qui lui avaient fait confiance en lui confiant le véhicule. Puis il réfléchit. Ses parents avaient-ils aussi identifié Jean Rousseau comme étant lui ? Non, se rappela Xavier, ils étaient en vacances au Maroc, dans le désert, d’où ils ne recevaient aucune nouvelle. Ils y seraient jusqu’en octobre. Ils vivaient leur grand rêve. Xavier ne pouvait alors pas compter sur eux. Il n’y avait vraiment que Sylvie.

            « On va dormir où ? demanda Olivier.

            -Aucune idée, répondit Xavier. Il vaut mieux éviter les campings. On est facilement repérables. Je propose qu’on marche une dizaine de kilomètres. On dormira dans un bois et l’un de nous montera la garde. On partira au petit matin. »

            Ils se mirent à marcher sur le bord de la route. La fatigue commençait à les gagner, surtout Xavier qui avait conduit toute la journée.

            -Et tu comptes nous emmener comment à Calais alors ? demanda Quentin avec agressivité.

            -J’avais pas prévu que la voiture serait repérée. Rousseau a tout prévu. Des bateaux partent pour l’Angleterre à partir du Havre aussi. C’est moins loin. Mais il y en a bien pour 300km au moins.

            -Comment on y va alors ? demanda Eva.

            -Je sais pas, je vais réfléchir. Tiens, il y a un bois ici. On s’enfonce de 500m et on plante la tente. Pas de feu. »

            Ils firent comme Xavier avait dit, et Eva et Olivier allèrent se coucher. Quentin et Xavier prirent le premier tour de garde. Ils restèrent longtemps en silence. Puis ce fut Xavier qui parla.

            « Il nous faut des vélos, dit-il.

            -Pour quoi faire ?

            -Pour aller au Havre. 200km. En deux jours, on peut y arriver. Il faut juste qu’on se procure des vélos. Je suppose que ma carte bancaire doit être bloquée, et vous, vous en avez pas. Mais on a du cash. On peut payer en liquide.

            -Toi, ta tête est exposée partout, Xav’.

            -Oui mais pas la tienne, Quentin… »




Il était une fois en France – Annexes


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