Il était une fois en France – Livre 3 : au service de la nation (Aout – septembre 2006)

Chapitre 15
L'Allemagne


            Sylvie arrêta la voiture dans une forêt 50km après la frontière. Il était temps pour tout le monde de dormir. Xavier savait qu’il n’y arriverait pas, donc prit le premier tour de garde. Il devait réfléchir. L’Allemagne était l’endroit idéal pour qu’ils achètent des vêtements. Il leur restait assez de liquide pour cela. En effet, ils étaient sales et miteux. La police avait complètement vidé la Clio, donc ils n’avaient plus de valises. Mais ils avaient des armes. Avec ce qu’ils avaient récupéré des bandits et de leurs aventures, ils avaient 5 revolvers et 10 magasins en réserve. C’était beaucoup, surtout qu’ils n’avaient pas l’intention de blesser des gens.

Xavier soupira et repensa à toute l’affaire. Pour l’instant, il pressentait que tout avait un rapport avec le Jura. C’était les mêmes ennemis. Mais pas Dugas. Celui-ci était en prison. Pas Françoise Bernard. Elle était morte. Jack était mort également. Jean Rousseau ne pouvait pas continuer à faire cela tout seul. Il avait forcément des complices, des atouts. Mais qui ? Quelqu’un du ministère ? Qui ferait cela ? Le ministre ? Ca aurait du sens. Mais cela paraissait impossible à Xavier. Dugas avait bien dit à Sylvie qu’il travaillait pour quelqu’un d’autre. Mais savait-il pour qui ? Toute cette affaire n’avait aucun sens. Mais Xavier était sûr d’une chose : il fallait empêcher Rousseau de nuire au président.

Il entendit que quelqu’un approchait. Puis Eva s’assit à côté de lui.

« On les aura, lui dit-elle.

-J’espère, dit-il. J’espère surtout que Valérie me croira. Et qu’on pourra rentrer à Paris et empêcher tout ça. On est déjà vendredi. La remise de médaille est mardi. Je pense que ça se fera en milieu d’après-midi. Il ne nous reste que peu de temps pour rentrer à Paris sans se faire choper, élaborer un plan et l’exécuter.

-Et tu es sûr que Valérie Argentcentime est digne de confiance ?

-J’espère. Le plus dur sera de la convaincre que je suis moi.

-MOINS DE BRUIT, Y’EN A QUI DORMENT !!! »

Cette charmante intervention était due à Olivier qui avait de moins en moins mal et qui retrouvait donc sa verve habituelle. Xavier en était heureux. Le lendemain, ils n’auraient qu’à acheter des vêtements. Et tout irait pour le mieux. Eva posa sa tête sur l’épaule de Xavier.

« En tout cas, on aura vu du pays, » dit-elle.

Xavier sourit et l’embrassa sur le front.

***

« COMMENT CA LA POLICE BELGE NE LES TROUVE PAS ????? »

Pi était furieux. Le caporal Emerson venait de lui annoncer que malgré l’alerte générale lancée en Belgique et sur la frontière franco-belge, les fugitifs étaient introuvables.

« C’est pourtant pas un grand pays, continua Pi. Encore en  Angleterre, je pouvais comprendre. En France aussi. Mais là on savait où ils étaient et leur destination potentielle. C’est pas possible qu’on les ai ratés.

-Peut-être ne veulent-ils pas revenir en France, intervint Emerson. Ils veulent peut-être s’enfuir vers les pays de l’ex-URSS. De grands pays où ils peuvent disparaître facilement.

-Non, idiot ! Ils planifient un attentat. Ils veulent revenir en France pour assassiner Guislain. Sinon pourquoi auraient-ils enlevé sa sœur ?

-Ou alors ils sont allés vers le nord et vont revenir en France par la mer…

-M’en fous. Trouvez-les. Et arrêtez-les. A tout prix. »

Emerson s’exécuta. Le ministre l’avait placé sous les ordres de Pi. Il n’allait donc pas discuter. Il sortit du bureau de Pi et se dirigea vers le sien. Il fallait qu’il appelle le contrôle maritime.

***

Le petit groupe se mit en route vers 14h. Ils avaient tous bien dormi et mangé. Il leur fallait maintenant des habits décents. Ils décidèrent d’aller acheter des vêtements à Aix-la-Chapelle. Ils n’en avaient que pour 30 minutes de route.

Ils arrivèrent dans la magnifique ville historique d’Aix-la-Chapelle et se mirent en quête d’un magasin de vêtements. Sylvie en aperçut un (les filles ont l’œil pour cela) où les prix semblaient bas. Xavier gara la Clio et ils entrèrent dans le magasin.

***

Maurice André s’essuya le front. Il avait roulé toute la journée. Il était parti le matin tôt de Nantes dans son Espace avec sa femme Emilie et ses deux enfants de 9 et 11 ans, Michel et Paul. La première étape de son voyage était Aix-la-Chapelle. Ou Aachen. Il fut soulagé en voyant le panneau d’entrée de la ville. Il se tourna vers Emilie pour lui demander de l’aider à trouver l’hôtel, mais vit qu’elle dormait.

« Tant pis, se dit-il. Je vais me débrouiller tout seul. »

A l’arrière, Michel et Paul commençaient à se bagarrer. Maurice leur ordonna de se calmer. Il ne restait plus beaucoup de temps dans la voiture. Il bâilla.

Maurice était policier. Basé au commissariat principal de Nantes. La semaine passée avait été éprouvante car toute la police avait été maintenue en alerte maximale à cause des jeunes fugitifs. Maurice avait dû galvaniser ses troupes et montrer l’exemple en prenant sur ses soirées. D’où sa fatigue et sa satisfaction d’être en vacances.

Finalement, il aperçut son hôtel. Soulagé, il gara sa voiture devant et ouvrit le coffre. Mais son regard fut attiré par une Clio verte immatriculée dans le 92. Où avait-il entendu parler de cette Clio ? Puis il vit cinq jeunes –deux filles et trois garçons- monter dedans. Il reconnut les visages des fugitifs. Ceux que toute la police française recherchait. Il lâcha les valises qu’il portait et se mit à courir vers la Clio.

***

Xavier démarra la Clio et releva la tête. Dans son rétroviseur, il vit un homme qui courait vers eux. Il était encore à une centaine de mètres, mais c’était clairement après eux qu’il en avait.

« Accrochez-vous, » cria Xavier.

Il accéléra brutalement et la voiture fit une embardée. Xavier embraya rapidement en seconde et brûla un feu rouge. Il faillit rentrer en collision avec un bus qui s’arrêta juste à temps. Dans le rétroviseur, Xavier voyait l’homme qui gesticulait et qui donnait l’alarme.

« Notre anonymat ici est grillé, dit Xavier.

-Je crois bien, » répondit Sylvie.

***

Emerson rentra dans le bureau de Pi, l’air victorieux.

« Ils sont à Aix-la-Chapelle, monsieur, dit-il. Un policier de Nantes en vacances les a repérés.

-Ainsi ils sont passés par l’Allemagne pour revenir en France, murmura Pi. Ils sont moins bêtes que ce que j’imaginais. »

Il se leva et se dirigea ver Emerson, l’air décidé.

« On ne va pas faire la même erreur deux fois, caporal, dit Pi. Prévenez la police allemande qu’on recherche des fugitifs dans une Clio. Donnez-leur toutes les informations nécessaires. Et dites-leur de bloquer toutes leurs frontières. Même celle avec l’Autriche. Ils seraient capables de passer par là pour ensuite aller en Italie et revenir en France.

-Même leurs frontières de l’est ?

-Oui. Je veux qu’ils soient coincés en Allemagne. Si je ne me trompe pas, ils ont tous un très mauvais niveau d’allemand. Ils seront vite repérés. Dites aux autorités de lancer une vaste opération médiatique en Allemagne pour informer la population. Et de faire un appel à témoins.

-Bien. Je m’y mets. J’en ai pour la nuit.

-Autre chose caporal. Réveillez tous nos agents dormants. Vous occuperez votre matinée comme ça. »

Emerson sortit du bureau de Pi, peu convaincu par son dernier trait d’esprit.

***

La Clio sortit en trombe d’Aix-la-Chapelle, se frayant un chemin parmi le trafic dense.

« Xavier, dit Eva, il faut qu’on abandonne la voiture !

-Je sais, répondit Xavier, il faut trouver le bon endroit. Et comment on rejoindra Paris après ? »

Il était 17h. La journée de vendredi était presque finie. Le temps passait trop vite. Il ne leur restait plus que trois jours pour arriver à Paris. Puis il leur faudrait une journée pour tout mettre en place. Mais à pied, c’était impossible.

« On s’en fout, intervint Olivier, l’important, c’est de pouvoir nous défendre. Là on a récupéré du sommeil, on a mangé et on a des vêtements propres. On est gonflés à bloc. On va trouver une solution.

-Ouais enfin tu oublies les courbatures et les blessures qu’on a quant même, fit Quentin.

-Pas grave, intervint Sylvie. Xavier, tu prends la prochaine sortie et on abandonne la Clio à ce moment-là. Puis on dormira dans une forêt. Et on avisera. »

Il y avait une sortie 500 mètres plus loin. Xavier la prit et arrêta la voiture un peu plus loin. Puis ils prirent leurs affaires et quittèrent la voiture. Ils se mirent à marcher. Ils marchèrent pendant deux heures avant de trouver une forêt. Ils y entrèrent et s’assirent pour tenir conseil.

« Bon, dit Quentin, je pense que toutes les frontières sont bloquées. On n’arrivera jamais à passer en prenant les routes. Xavier, tu as une solution ?

-Je sais pas, répondit Xavier. Quelqu’un a un portable ?

-Oui, dit Sylvie.

-C’est cool. Nous on les avait abandonnés dans la voiture, mais la police les a pris.

-Tu veux faire quoi avec ? demanda Eva.

-Je crois qu’on n’a plus le choix, répondit Xavier. On n’a quasiment plus d’argent. La bagnole est repérée. Et ils connaissent nos trucs pour nous procurer des véhicules maintenant. A moins que quelqu’un ait une idée… »

Il regarda Olivier. Celui-ci baissa la tête. Il n’avait plus d’idée. Son regard passa à Quentin. Celui-ci lui fit non de la tête. Sylvie et Eva n’étaient pas inspirées non plus.

« Eh bien, dit Xavier, je pense qu’il est temps de prendre un risque alors.

-Quel risque ? demanda Sylvie.

-Un risque calculé, dit Xavier. Un risque nécessaire étant donné qu’on n’a pas d’autre option. Je pense qu’il faut demander de l’aide.

-A qui ? demanda Quentin. Parce que, je sais pas si tu es au courant, mais tes parents sont injoignables, et ton autre sœur est sûrement sous influence de Rousseau. Et nos familles et amis, c’est pas la peine. Alors à qui tu penses ?

-A Pi, » répondit calmement Xavier.




Il était une fois en France – Annexes


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