Chapitre 11
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Sylvie conduisait le fourgon comme une voiture de course, se souciant peu du code de la route, anglais ou français. Bientôt ils allaient avoir toute la police anglaise sur le dos. Sylvie connaissait bien les rues donc savait lesquelles étaient les moins encombrées. Mais bientôt, ils entendirent des sirènes derrière eux et virent que trois voitures de police les avaient pris en chasse. Sylvie accéléra et prit un tournant très serré. Xavier entendit Eva, Quentin et Olivier rouler d’une paroi à l’autre du fourgon. Ils ne devaient pas être très contents. Mais les voitures de police gagnaient du terrain, le fourgon était trop lourd.
« Xavier, tire-leur dessus, cria Sylvie.
-Non, trop dangereux, répondit Xavier, je ne veux pas en blesser un.
-Alors on est foutus, » murmura Sylvie.
Leur seul moyen de semer la police était de prendre le plus possible de petites rues, où les puissantes voitures de police n’auraient pas le temps d’accélérer.
« On fait quoi, Xavier ? demanda Sylvie.
-Je sais pas. Ils on sûrement bloqué toutes les sorties de la ville. Il faudrait qu’on sorte sans se faire remarquer une fois qu’on les aura semé.
-Avec un fourgon de la police française complètement cabossé, rien de plus facile ! »
Xavier jeta un regard assassin à sa sœur. Elle avait toujours le cœur à plaisanter, même dans des situations difficiles comme ça. Il regarda la jauge d’essence : ils n’allaient pas tarder à être à sec. Xavier jura intérieurement, mais Sylvie semblait ne pas l’avoir vu. Elle était concentrée sur sa route. Et elle réussissait à maintenir une bonne distance avec les voitures de police. Heureusement, les policiers n’osaient pas tirer en plein Londres. Une chance.
Grâce au savoir-faire de Sylvie, ils arrivèrent à la sortie de la ville rapidement. Mais à l’entrée de l’autoroute, un gigantesque barrage de police était en place : barrières, voitures, clous. Il leur restait 500 mètres avant d’y être. Et impossible de faire marche arrière à cause de leurs poursuivants. Ils ne pouvaient pas franchir le barrage, leurs pneus crevés permettraient aux flics de les rattraper facilement. Ils ne pouvaient pas s’arrêter non plus. 300 mètres. Xavier remarqua que là où les voitures de police étaient garées, il n’y avait pas de clous, et qu’il n’y avait personne dedans. 200 mètres.
« Xavier, je fais quoi ? cria Sylvie.
-Accélère, » répondit Xavier.
100 mètres.
« Fonce sur les voitures, on a un fourgon, on peut les avoir ! »
Sylvie s’exécuta.
50 mètres.
« Accrochez-vous, » cria Xavier aux passagers à l’arrière.
20 mètres.
10 mètres.
Le choc fut terrible. Il y eut un bruit apocalyptique et le fourgon freina brusquement. Xavier fut projeté en avant mais sa ceinture l’empêcha de passer à travers le pare-brise. Il entendit les passagers à l’arrière qui tombaient contre les parois. Mais Sylvie garda son pied sur l’accélérateur, et la voiture de police qu’elle avait percutée fut écartée de son passage et jetée sur le bas-côté. Ils étaient passés.
Sylvie accéléra et continua sur l’autoroute. Xavier regarda dans le rétroviseur et vit que les voitures de police commençaient à démarrer.
« Prend la prochaine sortie, dit Xavier.
-Non, on ira plus vite si…
-On a presque plus d’essence. Et leurs voitures son plus puissantes. Sors à la prochaine. On trouvera plus facilement à se planquer en campagne. »
Sylvie s’exécuta. Elle prit la première sortie et ils se retrouvèrent dans la campagne anglaise. Xavier regarda encore une fois dans le rétroviseur : quelques voitures de police avaient continué sur l’autoroute. Ils n’en avaient plus que 5 à leurs trousses.
Sylvie accéléra en entrant dans un petit village. Elle évita de justesse une dame qui traversait la rue. Les voitures de police se rapprochaient.
« Tire-leur dessus, Xav’, dit Sylvie.
-Non. Je ne veux pas les blesser.
-Tire en l’air. »
Xavier s’exécuta. Il ouvrit sa portière, mit son pied sur le marchepied et se releva, dos à la route. Il tira 3 coups en l’air. Les voitures ralentirent. Ils allaient regagner du terrain. Xavier rentra dans la voiture. Eva ouvrit la porte entre l’intérieur du fourgon et l’habitacle.
« MAIS T’ES MALADE DE TIRER SUR LA POLICE COMME CA, cria-t-elle.
-J’ai tiré en l’air. Trouve une solution au lieu de gueuler. Les autres vont bien ?
-Oui mais ils ont l’air fatigués et…
-ACCROCHEZ-VOUS, » cria Sylvie.
Elle prit un virage en épingle à cheveux à toute vitesse. Tous furent projetés contre la paroi. Xavier se releva et regarda par la vitre arrière du fourgon. Sur les cinq voitures de police, une s’était plantée au virage. Elle était allée dans le décor.
« Bien joué, dit-il à Sylvie, plus que 4. »
Sylvie, encouragée par cette petite victoire, continua à accélérer. Mais la jauge d’essence descendait. Encore quelques kilomètres et ils seraient à court. Ils étaient en rase campagne et une forêt était à un kilomètre devant eux. Xavier eut une idée.
« Sylvie, dit-il, quand on arrivera à la forêt, tu quitteras la route et tu prendras n’importe quel chemin, le plus pourri que tu trouveras. Notre fourgon a des roues plus résistantes que les leurs. On va les semer comme ça.
-Ok. »
Ils étaient à 500 mètres de la forêt maintenant. Les voitures se rapprochaient. Il ne leur restait plus beaucoup de temps. Les voitures allaient les rattraper avant qu’ils n’atteignent la forêt.
« Ouvrez la porte arrière, cria Xavier, et balancez tout ce que vous pouvez ! »
Quentin, Olivier et Eva s’exécutèrent. Ils lancèrent des menottes, des pneus, … Tout ceci déstabilisait les conducteurs derrière eux et les ralentissait. Finalement, ils arrivèrent à la forêt sans avoir été rattrapés. Sylvie tourna et prit le premier chemin boueux qu’elle trouva. Tous les passagers furent secoués dans tous les sens. Elle avait vraiment pris le pire chemin possible. Xavier regarda dans le rétroviseur et vit que les voitures de police commençaient à être distancées. Une se planta même dans un arbre.
« Accélère encore, » dit-il à Sylvie.
Elle s’exécuta. Les voitures de police disparaissaient. Au bout de 10 minutes, ils les avaient complètement perdues de vue.
« Arrête toi, dit Xavier, on abandonne le fourgon. Prenez tout ce dont vous avez besoin et on disparaît dans la forêt. On n’a pas beaucoup de temps. Grouillez-vous ! »
Sylvie s’arrêta. Ils sortirent tous du fourgon et coururent vers le cœur de la forêt. Au bout de 30minutes de course, ils s’arrêtèrent, haletants.
« On fait une pause de 15minutes, dit Xavier, puis on repart. Ils ne vont pas tarder à fouiller la forêt. En attendant, Sylvie, j’ai besoin que tu me dises tout ce que Jack t’a dit.
-Xav’, ils… veulent faire assassiner le Président. Par ton double. Pendant ta remise de médaille.
-C’est pas cool. La bonne nouvelle, c’est qu’on a le temps : presque un mois.
-Non, dit Sylvie, ils l’ont avancé. On a une semaine. C’est mardi prochain. »
Xavier leva les yeux vers elle. Elle ne riait pas. Elle était on ne peut plus sérieuse. Et ils étaient les seuls à savoir la vérité.
« Ecoute Xav’, dit Sylvie, on doit aller voir la police, on doit…
-Non, l’interrompit Xavier. T’as vu ce qui est arrivé au type à qui on a voulu dire la vérité. Ils vont faire croire que t’as subi un lavage de cerveau ou un truc comme ça. Ils sont visiblement infiltrés très profond dans les services secrets. Et on va sûrement avoir des tueurs lancés à nos trousses. Notre seule chance d’empêcher ça, c’est de regagner Paris. Et d’intervenir avant la remise de la Légion d’Honneur.
-Comment on fait ? demanda Olivier.
-Je sais pas. Il faut qu’on sorte d’Angleterre et qu’on retourne en France. On a les polices des deux pays sur le dos et aucun véhicule. Et on oublie le vélo et l’auto-stop. On n’a plus de tente et aucun vêtement de rechange. Nos cartes bancaires sont bloquées. On est mal.
-Xav’, trouve une solution, dit Eva, il n’y a personne qui pourrait nous aider à Paris ?
-Le ministre de l’intérieur, dit Xavier.
-Inaccessible, dit Quentin. T’imagines, un citoyen lambda ne peut pas le voir. Alors un fugitif.
- On ne peut pas le voir en se servant de son entourage ? » demanda Olivier.
Xavier réfléchit. Qui connaissait-il dans l’entourage du ministre ? Puis il eut une révélation.
« Valérie, dit-il.
-Comment ? demanda Eva. C’est qui celle-là ?
-Valérie Argentcentime. La nièce du ministre. Et sa secrétaire. C’est une fille bien. Et je peux la convaincre que je suis moi. »
Le silence retomba sur la forêt. Chacun pesait le pour et le contre de la proposition de Xavier. Finalement, Sylvie prit la parole.
« Si on n’a pas d’autre solution, dit-elle, on fait ça. En attendant, on bouge. Il faut qu’on sorte de cette forêt. Et vite. »
Ils se remirent à courir, mais moins vite. La fatigue de tous ces jours de voyage et de tout le stress se faisait sentir. Ils commençaient à être à bout de forces.
Pi était très contrarié. Non seulement Jack avait échoué, mais il était mort. Il lui fallait donc maintenant puiser dans son carnet personnel pour trouver des tueurs. Ou alors…
Il sortit son carnet d’agents dormants pour le ministère en Angleterre. Il n’avait qu’à les activer. Il alluma son ordinateur, et écrivit un mail avec photos à tous les agents dormants britanniques. Les photos étaient celles des 5 fugitifs. Et il n’y avait qu’une ligne de texte :
« Tuez-les. Ils sont une menace pour la sécurité nationale. »
Le petit groupe arriva en vue d’une ferme qui semblait abandonnée. Il était minuit et ils étaient tous épuisés. Ils se rapprochèrent de la grange et Sylvie, Quentin et Olivier s’y allongèrent. Xavier resta avec Eva pour monter la garde. Ils restèrent longtemps en silence, et ce fut Eva qui prit la parole au bout d’une heure.
« Xav’, ça va ?
-Non, pas trop. »
Xavier s’assit sur le sol, en tailleur. Eva s’assit à côté de lui et posa la tête sur son épaule.
« Rien de ce qui n’arrive n’est de ta faute, dit-elle. Rien du tout.
-Je ne suis pas sûr. Je ne sais pas. Ca l’est sûrement un peu. »
Eva se tourna vers lui et lui prit le visage dans les mains.
« Ecoute moi bien Xavier Guislain, dit-elle, je reste certaine que l’attentat contre le Président résulte d’une longue préparation. Avant que tu ailles à Jougne avec Quentin et Olivier. Je pense qu’il y a quelque chose qui nous dépasse. Mais on découvrira ce que c’est. On y arrivera.
-Si tu le dis.
-J’en suis sûre. En attendant, il faut qu’on trouve moyen d’aller jusqu’à chez Argentcentime. »
Xavier avait réfléchi à cela lors de leur course, et rien ne lui était venu à l’esprit. Il ne savait pas comment faire. Ils avaient la police et probablement des tueurs à leurs trousses. Il fallait déjà rejoindre Douvres. Et ils ne pouvaient pas y aller à pied. Minuit était passé. Mercredi. Il leur restait 6 jours.
Xavier plongea sa tête dans ses mains. Il fallait trouver une solution. Il leva la tête et il vit Olivier qui s’était réveillé et était sorti les voir. Il vint s’asseoir à côté d’eux.
« J’ai peut-être une idée, dit Olivier.
-Je t’écoute, dit Xavier.
-On peut voler une voiture, dit Olivier. Avec, on ira jusqu’à Douvres. On l’abandonnera en banlieue.
-Mais le vol sera rapporté à la police et ils nous rechercheront.
-Pas si on la vole dans un cimetière de voitures… »
Xavier regarda son ami avec admiration. C’était risqué, mais ça pouvait marcher. Il suffirait de siphonner le réservoir d’une voiture dans un village pour avoir de l’essence. C’était faisable. Le crime parfait.
« On fait ça, » dit Xavier.
Il se leva et alla s’étendre dans la grange. Quelques minutes après, Eva le rejoignit et se blottit contre lui.
Xavier se réveilla vers 10h. Ses muscles lui faisaient mal. Mais il fallait tenir le coup. Il sortit de la grange. Eva était déjà réveillée et discutait avec Sylvie, Quentin et Olivier du plan qu’avait proposé Olivier.
« J’ai faim, dit Xavier.
-Xav’, on n’a rien à manger, » dit Eva.
Xavier baissa la tête, puis se tourna vers Quentin et Olivier. Ils étaient pâles.
« Les gars, dit Xavier, j’ai pas eu le temps de vous demander hier, mais vous allez bien ? Ils ne vous ont pas maltraité au commissariat ?
-Non, dit Quentin c’est cool.
-On a même failli convaincre le commissaire qu’on était innocents, dit Olivier.
-Ca nous aurait évité des problèmes, dit Xavier. Et toi Sylvie ? Ca va ?
-Oui, dit-elle, je m’inquiète juste pour Jeanne.
-C’est un des mystères qu’on devra résoudre, dit Xavier, pourquoi elle a reconnu Rousseau comme étant moi ? Soit elle est débile, soit elle est menacée.
-Les deux sont plausibles, dit Sylvie.
-On résoudra ça à Paris, dit Olivier, faut qu’on avance là. »
Il avait raison. Ils prirent leurs affaires et se mirent en chemin. Il leur fallait trouver un bidon, une voiture à siphonner, et un cimetière de voitures…
Vers midi, ils arrivèrent en vue d’un petit village. Ils n’avaient fait aucune mauvaise rencontre en chemin.
« Sylvie, tu y vas, dit Xavier. T’as combien sur toi ?
-25£.
-Ca devrait suffire pour acheter un bidon. Essaye de te renseigner pour savoir où on peut trouver un cimetière de voitures. »
Sylvie partit sans un mot. Elle entra dans le village et suivit la rue principale. Au bout de 500 mètres, elle vit une station service. Elle se dirigea vers cette station, entra dans la boutique et demanda un bidon d’essence. Le gérant fut heureux de la servir et cela lui coûta 10£. Il lui indiqua un cimetière de voitures 5km plus loin sur la même route. Elle ressortit rapidement en le remerciant. Mais en s’éloignant, elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et vit que le gérant passait un coup de téléphone. Il m’a repérée, c’est sûr, pensa-t-elle. Elle se mit à courir. Mais en se retournant encore une fois, elle vit qu’elle n’était pas poursuivie. Pourquoi donc avait-il passé un coup de fil ? Elle continua son chemin et arriva en vue du panneau d’entrée du village. Xavier et les autres l’attendaient plus loin dans un bois. Elle les rejoignit rapidement.
« Xavier, j’ai un mauvais pressentiment, dit-elle, j’ai vu le gérant de la station service téléphoner après mon départ.
-Et tu as été suivie ?
-Non.
-Bah tout va bien alors. Il passait peut-être juste un coup de téléphone à sa femme. »
Ils rassemblèrent leurs affaires et se remirent en route. Il fallait trouver une voiture avant le cimetière.
Vers midi, ils arrivèrent en vue d’un petit village. Ils n’avaient fait aucune mauvaise rencontre en chemin.
« Sylvie, tu y vas, dit Xavier. T’as combien sur toi ?
-25£.
-Ca devrait suffire pour acheter un bidon. Essaye de te renseigner pour savoir où on peut trouver un cimetière de voitures. »
Sylvie partit sans un mot. Elle entra dans le village et suivit la rue principale. Au bout de 500 mètres, elle vit une station service. Elle se dirigea vers cette station, entra dans la boutique et demanda un bidon d’essence. Le gérant fut heureux de la servir et cela lui coûta 10£. Il lui indiqua un cimetière de voitures 5km plus loin sur la même route. Elle ressortit rapidement en le remerciant. Mais en s’éloignant, elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et vit que le gérant passait un coup de téléphone. Il m’a repérée, c’est sûr, pensa-t-elle. Elle se mit à courir. Mais en se retournant encore une fois, elle vit qu’elle n’était pas poursuivie. Pourquoi donc avait-il passé un coup de fil ? Elle continua son chemin et arriva en vue du panneau d’entrée du village. Xavier et les autres l’attendaient plus loin dans un bois. Elle les rejoignit rapidement.
« Xavier, j’ai un mauvais pressentiment, dit-elle, j’ai vu le gérant de la station service téléphoner après mon départ.
-Et tu as été suivie ?
-Non.
-Bah tout va bien alors. Il passait peut-être juste un coup de téléphone à sa femme. »
Ils rassemblèrent leurs affaires et se remirent en route. Il fallait trouver une voiture avant le cimetière.
Pi raccrocha son téléphone, un sourire aux lèvres. Les gamins étaient perdus. Ils n’avaient aucune chance. Ils allaient être suivis à la trace. L’émetteur que son agent avait implanté dans le bidon d’essence allait permettre à tous les agents dormants de traquer les jeunes. Et de les tuer.
Georges Marsh aimait conduire en campagne. Cela le reposait de sa vie trépidante en ville. Pour ce quinquagénaire, père d’une famille de trois enfants, ce séminaire à la campagne sur le développement durable était une chance de se mettre un peu en marge de sa vie de bureau. Mais en attendant, il fallait trouver le fameux B&B où il devait retrouver ses collègues. Il avait déjà changé plusieurs fois de directions. Mais il se sentait un peu perdu. Il regarda sa montre : il allait être en retard. Il appuya sur l’accélérateur de sa Chevrolet Cavalier, mais fut interrompu dans son élan car il vit à 300 mètres devant lui sur la route une jeune fille qui faisait de grands signes. Peut-être était-elle perdue. Il allait quand même s’arrêter pour voir s’il ne pouvait pas l’aider. Il ralentit puis s’arrêta à la hauteur de la jeune fille. Il ouvrit sa fenêtre.
« Need something ? demanda-t-il.
-Yeah, dit la jeune fille, I’m completly lost. Have you got a map ?
-Sure. »
Et il sortit de sa portière une carte de la région. Il la déplia et lui et la jeune fille se penchèrent dessus.
« So where are we ? demanda la jeune fille.
-Right here, I guess.
-Okay. Oh that’s perfect! I’m a kilometer away from my destination! I’m almost there! Thank you so much! » (12)
Ravi d’avoir pu rendre service à cette jeune fille, Marsh remit son moteur en route et fit un signe de la main à la jeune fille. Il accéléra. Il allait vraiment être en retard. Il regarda sa jauge d’essence : il était bientôt à sec. Il avait roulé beaucoup plus qu’il ne l’aurait cru.
« Quelle grande actrice tu fais, dit Xavier à Sylvie.
-Ouais. C’est un peu du vol, mais on n’avait pas vraiment le choix. Vous en avez pris combien ?
-10 litres, dit Olivier.
-Excellent, dit Xavier. Il faut qu’on bouge maintenant. Il est bientôt 17h. Il faut qu’on trouve la voiture rapidement. Allez on y va ! »
Quentin ramassa le bidon, et le petit groupe se mit en route. Mais Olivier s’arrêta soudainement de marcher.
« J’ai une idée pour rejoindre Paris, dit-il.
-Quoi ? demanda Xavier.
-T’as laissé ta voiture au Mont St Michel, non ?
-Oui. Mais c’est loin. On aura plus vite fait de rejoindre Paris directement.
-On pourrait essayer de la faire acheminer à Calais, non ?
-Comment ça ? » demanda Quentin.
Olivier déposa son sac. Il était visiblement très content de son idée. Il sortit quelque chose de sa poche.
« Ceci, dit-il, est une radio de la police française. Je l’ai prise dans le fourgon. On peut diffuser une intox comme quoi la police anglaise doit voir la voiture pour une identification, pour son enquête sur le meurtre de Gar. Et donc la police française l’amènera à Calais. On n’aura plus qu’à la voler avant qu’elle ne parte. »
Les quatre autres étaient impressionnés. L’idée était excellente.
« On fait ça, dit Xavier. Mais on récupère d’abord une caisse ici. »
Et ils se remirent en chemin, le cœur plein d’espoir.
Ils arrivèrent en vue du cimetière de voitures une heure plus tard, mais il fallait attendre la nuit pour pouvoir voler un véhicule. Ils s’installèrent donc dans un bois et attendirent.
La campagne était très calme. Xavier, Eva et Quentin dormaient. Sylvie était un peu à l’écart, assise en tailleur. Olivier, qui n’arrivait pas à dormir, se dirigea vers elle. Il s’assit à côté d’elle et vit des larmes sur ses joues.
« Sylvie, commença-t-il, tu…
-Me dis pas que tout ira bien, dit-elle. Tout va très mal. Et on n’y arrivera jamais.
-Faut pas te sentir désespérée comme ça. On a encore quelques jours pour rejoindre Paris. On n’est que mercredi soir. »
Sylvie tourna la tête vers lui et le regarda droit dans les yeux.
« Mais on n’a pas le droit d’échouer, dit-elle, et…
-C’est pour ça qu’on va pas échouer. Xavier a été aux Services assez longtemps. Quentin et moi, on était dans le Jura avec lui, donc on a un peu d’expérience. Quentin plus que moi-même vu qu’il avait été capturé en même temps que toi cet été. »
Sylvie mit la tête sur l’épaule d’Olivier.
« Merci de me dire ça, dit-elle.
-Sylvie, je… »
Mais elle l’interrompit par un long baiser. Puis avant qu’Olivier ait eu le temps de dire quelque chose, elle s’était levée.
« Je vais dormir un peu, dit-elle.
-D’accord. »
Elle s’éloigna, laissant Olivier perdu dans ses pensées.
Vers 20h, Olivier vit une voiture arriver dans leur direction. Il se cacha derrière un arbre et regarda. La voiture s’arrêta au niveau du cimetière de voitures et quatre hommes en sortirent. L’un d’eux avait une espèce de console avec lui. Olivier plissa les yeux pour mieux voir. Un GPS !!! Ils avaient retrouvé leur trace comme ça ! Olivier se précipita vers les autres et secoua Xavier en lui mettant la main sur la bouche.
« Xav’, réveille-toi, dit-il.
-Qu’est-ce qu’il y a ? chuchota Xavier.
-On s’est fait avoir pas le gérant de la station. Je pense qu’il y a un émetteur dans le bidon. Il y a quatre hommes armés qui arrivent.
-Merde. Bon, réveille les autres. »
Olivier s’exécuta, réveillant les trois autres en silence. Pendant ce temps, Xavier recherchait désespérément une idée. Ils avaient certes deux revolvers pris dans le fourgon, mais ce n’était pas assez. Et il n’était pas question de tuer ces gens. Xavier sentait son cerveau fonctionner à toute vitesse. Et il ne pensait qu’à une chose.
« Courez, dit-il. Il va bientôt faire nuit. On les perdra facilement comme ça. On se retrouve à l’entrée du cimetière de voitures dans deux heures. »
Ils se séparèrent donc. Xavier prit un des revolvers et donna l’autre à Quentin. Il était convenu que les garçons essayeraient de neutraliser les tueurs. La poursuite dans la forêt sombre commença donc.
Une demi-heure était passée depuis qu’ils s’étaient séparés et Sylvie n’en pouvait plus. Elle s’arrêta de courir pour reprendre son souffle. Il n’y avait personne derrière elle. Elle avait vu un des tueurs partir vers l’endroit où Xavier était et les trois autres poursuivre Quentin et Olivier. Eva était partie dans une autre direction sans être poursuivie. La nuit était complètement tombée et il commençait à pleuvoir. Bien, pensa Sylvie, comme ça pas de risque de faire du bruit en marchant. Le bruit des gouttes sur les feuilles masquera cela.
Mais tout d’un coup, elle entendit le bruit d’un coup de feu et un hurlement. Elle reconnut la voix d’Olivier.
Olivier était à terre. Le tueur l’avait blessé au mollet. Quentin avait continué à courir, les deux autres tueurs à sa suite. Celui qui s’était arrêté se rapprocha d’Olivier, l’air menaçant. Il leva son arme vers le jeune homme à terre et un sourire menaçant s’étendit sur son visage. Olivier ferma les yeux et attendit la fin. Elle n’était plus très loin maintenant.
Xavier courait le plus vite qu’il pouvait. Il savait qu’il n’en avait qu’un à ses trousses. Mais celui-là courait vite. De temps en temps, Xavier entendait un coup de feu et sentait une balle siffler à ses oreilles. Cela lui redonnait de l’énergie. La peur au ventre était son meilleur moteur. Mais son principal souci était Olivier. Il avait entendu le coup de feu et le cri de son ami. Mais il ne pouvait rien faire pour lui. Il s’arrêta soudain de courir et se cacha derrière un arbre. Il prit son pistolet à l’envers et attendit. Il entendait les pas rapides de son poursuivant qui se rapprochaient. Il n’était plus loin. Il arrivait.
PAF !!!
Xavier l’avait assommé avec la crosse de son revolver. Le tueur ne l’avait pas vu surgir de derrière l’arbre. Xavier lui prit son arme, le fouilla, trouva les clés de la voiture, et courut porter secours à Olivier. Le tueur avait des menottes, donc Xavier s’en servit pour l’attacher.
« J’ai bien cru que c’était la fin, dit Olivier.
-Je sais, » répondit Eva.
Elle était arrivée juste à temps pour frapper avec une branche d’arbre le tueur qui braquait Olivier. Le tueur gisait maintenant à terre, inanimé. Eva prit son arme et ils se mirent à courir pour aller aider Quentin après l’avoir attaché à un arbre avec une corde qu’il avait sur lui. La jambe d’Olivier l’élançait à chaque pas qu’il faisait, mais il essayait de ne pas se concentrer sur la douleur.
Quentin n’arrivait pas à semer ses poursuivants. Et il commençait à fatiguer. Et il avait peur de tirer sur ces gens. Une peur panique. C’était celle-là même qui lui permettait de continuer. Derrière lui, il entendait les pas rapides qui se rapprochaient. La pluie battait sur son visage et imbibait tous ses vêtements.
« Aïe !!! »
Il avait trébuché sur une branche par terre. Il y avait tellement peu de lumière qu’il ne l’avait pas vue. Un des poursuivants de rattrapa avant qu’il ait pu se relever. Il envoya un crochet du droit dans la mâchoire de Quentin qui retomba à terre. Puis il pointa son arme sur le jeune homme. Son complice le rejoignit et pointa également son arme sur Quentin. Quentin ferma les yeux et attendit la fin.
BANG BANG !!!
Ces deux coups de feu retentirent dans toute la forêt. Quentin fut surpris de voir qu’il n’avait rien. Il ouvrit les yeux et vit les deux hommes étendus à terre et Xavier et Eva, chacun un pistolet fumant à la main. Un sourire s’étendit sur leurs visages.
« On prend leur voiture, dit Xavier.
-Ca me va, » dit Quentin.
Xavier fouilla les deux hommes et prit leurs téléphones. Puis ils retrouvèrent Sylvie au point de rendez-vous et prirent la voiture. Ils abandonnèrent bien sûr le bidon d’essence dans la forêt. Sylvie prit le volant et démarra.
« Direction Douvres, dit Xavier à Sylvie.
-Il y a un truc que je ne comprend pas, dit Olivier, c’est si le gérant de la station-service était dans le coup, pourquoi il n’a pas capturé Sylvie ?
-Il ne savait pas qu’on était dans les parages, répondit Quentin.
-Et il ne voulait peut-être pas que ça se fasse en pleine ville, renchérit Eva.
-Ouais, dit Xavier, je suis d’accord. En tout cas, si ces quatre abrutis nous sont tombés dessus, il faut supposer que d’autres vont nous rechercher. »
Un long silence tomba sur les passagers de la voiture. On n’entendait plus que le bruit des gouttes sur les vitres et le bruit des essuie-glaces. Puis Xavier se tourna vers Olivier.
« Lance l’intox à la police française, » dit-il.
Olivier ouvrit son sac et y prit la radio qu’il avait prise dans le fourgon.
Il était une fois en France – Annexes